Actualités du marché des devises
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avr. 12, 2022 | Analyse du marché des devises
Thèmes globaux
Un dollar stimulé par un nouveau record d'inflation aux Etats-Unis ?
Les titres du jour :
- Une première rencontre qui ne laisse guère place à l'optimisme : hier le chancelier autrichien Karl Nehammer avait la primeur d'être le premier représentant européen à rendre visite au président russe Vladimir Poutine depuis le début du conflit en Ukraine. Après un échange "direct et dur" avec le responsable russe, le dirigeant européen affichait à la sortie de son entretien peu d'optimisme quant à une résolution rapide du conflit. L'horizon apparaît peu réjouissant et les combats pourraient se poursuivre si l'on en croit les dires du porte-parole du Pentagone aux Etats-Unis qui craint que le conflit "se prolonge et entre dans une phase plus sanglante". Côté ukrainien, on s'attend à une nouvelle offensive à l'Est du pays dans la région du Donbass et dans la ville côtière de Marioupol. Autre signe qui montre une probable escalade des tensions et une prolongation des combats, c'est la nouvelle stratégie du camp européen qui souhaite désormais accélérer l'envoi d'armes en Ukraine pour permettre au pays de se défendre. Dans ce climat qui ne dit rien qui vaille, le franc suisse a entamé la semaine par un nouveau rebond face à l'euro et se rapproche un peu plus du niveau de parité (1,01 ₣).
- Nouveau record d'inflation aux Etats-Unis ? : le consensus économique mise sur une accélération de l'inflation de 7,9% à 8,4% au mois de mars, ce qui pour beaucoup d'observateurs pourrait être un pic. Cependant, à l'image de ce que l'on a pu voir sur les estimations préliminaires de croissance des prix en Zone Euro, il se pourrait que l'inflation américaine ait été bien plus forte que ne l'anticipe actuellement le consensus. L'autre interrogation repose sur la durabilité des pressions haussières sur les prix. Même s'il y a effectivement un pic au mois de mars, il se pourrait qu'à cause de la prolongation de la guerre en Ukraine mais aussi aux tensions sur les approvisionnements en Chine l'inflation décélère tout doucement et reste très élevée lors des prochains mois. Un tel scénario donnerait du crédit à la stratégie de la réserve fédérale américaine qui souhaite normaliser à grande vitesse sa politique monétaire à coup de hausses de taux et d'une réduction de son bilan. Un nouveau record d'inflation en mars renforcerait non seulement le scénario central actuel d'un probable resserrement des taux directeurs de 50 pbs en mai (rehaussement de la fourchette de 0,25-0,50% à 0,75-1,00%) mais pourrait également alimenter les spéculations autour d'un lancement dès le mois de mai des opérations de réduction du bilan. Une nouvelle accélération des rendements obligataires américaines dans un environnement actuel hautement incertain autour de la situation en Ukraine pourrait faire les affaires du dollar. Celui-ci est orienté à la hausse ce matin face à l'euro sous le seuil de 1,09 $ et approche ses plus hauts niveaux de l'année.
- L'OMC craint un fort ralentissement du commerce et de l'économie en 2022 : dans un rapport publié lundi, l'Organisation Mondiale du Commerce a pointé du doigt un risque que la croissance du commerce soit divisée par deux à cause de la guerre en Ukraine, et notamment en raison du fait qu'aussi bien la Russie et l'Ukraine sont deux gros fournisseurs mondiaux de matières premières de base, notamment de denrées alimentaires et d'énergie. Ainsi, alors qu'elle misait sur une croissance de +4,7% du commerce mondial en 2022, l'organisation internationale estime qu'elle pourrait finalement être de 2,4% à 3%. La croissance mondiale devrait également être vivement impactée et ne s'élèvera plus que de 3,1% à 3,7% contre 5,3% estimé en octobre dernier. La perspective d'une baisse de la demande globale, notamment en ce moment illustrée par le prolongement des mesures de confinement en Chine dans la métropole de Shanghai, mais aussi les nouvelles réflexions à Bruxelles sur un possible embargo pétrolier pèsent sur le pétrole. Les prix ont chuté de plus de -4% lundi et clôturé à un plus bas depuis plus de 3 semaines à moins de 100 $/brl. Si les nouvelles craintes de tensions en Ukraine refont rugir le pétrole ce matin (+3% à 101 $/brl), on risque encore d'avoir encore d'importants rebondissements dans les prochains jours/semaines en fonction des débats sur l'offre et la demande. Après avoir subi une forte contraction hier (-1,4% à 9,60 NOK), la couronne norvégienne retrouve le sourire ce matin. De même pour le dollar canadien (-0,6% hier à 1,3750 C$) qui retrace légèrement à la hausse ce matin.
- Le rouble pénalisé par la relaxe sur les contrôles de capitaux : la banque centrale russe a décidé vendredi d'assouplir les mesures sur les contrôles de capitaux imposés après la première salve de sanctions internationales pour limiter la dépréciation du rouble. Depuis lundi, la banque centrale russe n'imposera plus une taxe de 12% sur les achats de devises étrangères auprès des entreprises de brokerage. La devise russe a chuté lourdement de plus de -4% lundi et abandonnait près de -3% ce matin, le taux EUR/RUB remontant au-dessus du seuil de 90,0 RUB après un bond à un pic de 5 mois la semaine dernière à 83,5 RUB.
- Le zloty affecté par les révisions de croissance de la Banque Mondiale : hier le zloty polonais a contre-performé ses pairs en Europe de l'Est et cédé -0,6% face à l'euro (4,66 PLN) sous l'influence notamment de perspectives de croissance plus pessimistes en Pologne. Citant la guerre en Ukraine comme principal facteur baissier, la Banque Mondiale a révisé hier à la baisse de -0,8% sa projection de croissance pour 2022 en Pologne, celle-ci passant de 4,7% à 3,9%. Le taux EUR/PLN reste orienté à la hausse ce matin et s'attaque à une résistance située à 4,6650 PLN qui contient les tentatives d'ascension depuis 2 semaines.
- Coup de projecteur ce mardi : la publication cet après-midi des nouvelles statistiques d'inflation aux Etats-Unis sera l'évènement majeur de la journée. En cas de nouveau record supérieur aux attentes, on pourrait voir réapparaître de nouvelles turbulences sur les marchés obligataires auxquelles les marchés des changes ne resteront pas insensibles. Et notamment le dollar qui s'appuie ces derniers jours sur la forte remontée des taux réels américains. Le taux réel 10 ans approche à grand pas du niveau de 0%, ce qu'il n'a plus atteint depuis 2 ans.
Volatilité des devises :
EUR/USD - Une effet "élection" très modeste et insuffisant pour soutenir l'euro durablement (+0,1% hier) : après avoir observé un rebond à plus de 1,09 $ lundi (pic recensé à 1,0950 $) au lendemain des résultats du 1er des présidentielles françaises remporté par le président sortant Emmanuel Macron (27,8%) devant la candidate d'extrême-droite Marine Le Pen (23,4%), l'euro n'a pas réussi à conserver ses gains face au dollar. Le retour dans la lumière de craintes autour d'une possible escalade des tensions en Ukraine, le retour des rumeurs d'embargo pétrolier européen aux impacts asymétriques sur les économies européennes mais aussi l'ascension continue des rendements obligataires américains (taux 10 ans nominal à un pic de 3 ans à 2,8% / taux 10 ans réel à un pic de 2 ans à -0,12%) ont pleinement favorisé le dollar par rapport à l'euro. De plus hauts rendements et un statut de valeur refuge assurent l'ascendant au dollar sur la devise commune. Le taux EUR/USD continue de glisser et tutoie ses plus bas de l'année sous 1,09 $. Si le palier des 1,0850 $ est franchi, le prochain obstacle se situe à 1,08 $ (plus bas en 2022).
EUR/GBP - Rebond très furtif de l'euro (+0,1% hier) : si le taux EUR/GBP a ouvert en net hausse lundi après le scrutin présidentiel français (0,8384 £), il n'a pas réussi à répondre aux attentes placées en lui et a retracé la quasi-totalité des gains pour finalement clôturer à hauteur de 0,8350 £. Malgré des résultats économiques décevants au Royaume-Uni illustrant un ralentissement de l'activité en février, bien avant le début du conflit en Ukraine, la livre sterling a pris le dessus sur l'euro, lequel voit d'un mauvais œil la multiplication de signaux suggérant une extension du conflit en Ukraine, et très possiblement une escalade des tensions qui pourraient s'observer dès cette semaine. En écho à la publication ce matin au Royaume-Uni de chiffres de l'emploi conformes aux attentes (recul du chômage de 3,9% à 3,8% et hausse des salaires hors bonus de 3,8% à 4,0%), la livre sterling est assez stable. On continue de surveiller le seuil de 0,83 £ qui fait figure de support majeur réfrénant les mouvements baissiers sur la paire EUR/GBP.
EUR/JPY - Nouvelle dégringolade du yen (+1,0% hier) : le yen a lourdement chuté lundi et a tutoyé ses plus bas niveaux de l'année à plus de 137 ¥. Le yen a une nouvelle fois été pénalisé par un accroissement des écarts de taux entre le Japon et ses pairs, et notamment avec les taux américains et européens. Le dégonflement des prix de l'énergie, le soulagement temporaire provoqué par le résultat du 1er tour de la présidentielle française mais aussi la publication des données hebdomadaires du régulateur américain des marchés à terme et options (CFTC) montrant un volume de positions longues en yen à un plus bas depuis 2014 ont nourri les pressions baissières sur le yen. À noter que le taux USD/JPY a touché hier son plus haut niveau depuis 2015 à plus de 125,5 ¥. Après son envolée de la veille, le taux EUR/JPY est lui stable ce matin à plus de 136 ¥.
EUR/CHF - Le franc suisse plus sensible à l'Ukraine qu'à la France (-0,2% hier) : si on avait observé hier matin une tentative de rebond à 1,02 ₣, le taux EUR/CHF a inversé sa dynamique en cours de journée à mesure que les signaux en provenance d'Ukraine suggéraient peu d'espoir de cessez-le-feu rapidement trouvé et une probable extension du conflit. L'observation par ailleurs des statistiques de dépôt à vue au sein de la Banque Nationale Suisse a un peu déçu les vendeurs de franc qui espéraient une activité plus intense de la part de la banque centrale pour faire dégonfler les pressions haussières sur la devise helvète. Si les dépôts ont augmenté la semaine dernière pour la 6ième semaine consécutive, la hausse (+2,2 Mds ₣) se révèle plus faible que celle des deux semaines précédentes. Le taux EUR/CHF est désormais plus proche du seuil de 1,01 ₣ que de 1,02 ₣. Si on observe une tentative timide de rebond sous l'influence notamment de la hausse ce matin du Bund 10 ans allemand à un pic depuis 2015 (0,85 %), on continue de surveiller étroitement les risques baissiers entourant la paire dans un contexte global qui reste hautement incertain.
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