Actualités du marché des devises

Thèmes globaux

Le dollar guère impressionné par la Fed, la livre sterling attend la Banque d'Angleterre

  

Les titres du jour :

 
La Fed remonte ses taux : sans surprise la banque centrale américaine a réhaussé son taux directeur de 25 pbs dans une fourchette de 0,25-0,50%. Sous couvert de fortes pressions inflationnistes aux Etats-Unis (révision de la projection 2022 de 2,6% à 4,3%), la Fed prévoit d'opérer 6 nouvelles hausses de taux d'ici décembre pour ramener son taux directeur à 1,9%. Une réduction du bilan devrait par ailleurs intervenir très rapidement. Malgré cette approche très "offensive", le gouverneur central reste optimiste sur les capacités de l'économie d'absorber une rapide remontée des taux d'intérêt et ne s'inquiète pas d'un risque de possible récession soulevé par l'aplanissement de la courbe de taux aux Etats-Unis. Les marchés actions ont étonnement réagit positivement aux annonces, au contraire le dollar se contracte (1,1050 $).

  
Et 1, 2 et 3 hausses de taux au Royaume-Uni ? : comme son homologue américaine hier, la Banque d'Angleterre devrait opérer ce jeudi une hausse de son taux directeur de 25 pbs à 0,75%. Ce serait la 3ième hausse de taux consécutive opérée par la banque après celle réalisée en décembre et en février dernier. Les regards se concentreront sur le détail du vote et le rapport de force au sein du conseil de gouvernance de la banque alors qu'en février dernier 4 membres sur 9 avaient poussé pour opérer un resserrement de 50 pbs. L'attention se portera également sur l'influence potentielle de la guerre en Ukraine et ses répercussions économiques et financières sur la politique de taux de la banque. Après avoir tutoyé le niveau de 0,84 £ sur le début de semaine, le taux EUR/GBP se rétracte sous cette barrière ce matin.

  
Défaut ou pas en Russie ? : selon les informations officielles communiquées par Moscou, l'Etat aurait ordonné hier le remboursement de la somme de 117 Mln$ d'intérêt sur dette. Seulement, à cause des sanctions internationales adressées à la Russie, il semblerait que les transactions aient été bloquées, plusieurs créanciers révélant ne pas avoir été encore payés. Le risque encouru en cas de défaut est un retrait de la Russie du marché internationale de la dette. Malgré une réduction significative de l'exposition des banques internationales aux actifs russes depuis 2014, la Banque des règlements internationaux (BIS) estime qu'elle s'élève tout de même à 121 Mds$. Face au flou qui demeure, le rouble se replie vivement ce matin (114 RUB).

 
Les négociants du marché de l'Energie demandent l'aide des banques centrales : hier le journal britannique Financial Times a révélé que la Fédération européenne des négociants de l'énergie (organisation où l'on retrouve BP, ExxonMobil, Shell,...) avait envoyé une lettre à la Banque centrale européenne et à la Banque d'Angleterre pour leur demander d'intervenir pour empêcher une crise de liquidités alors que plusieurs acteurs du secteur font face à d'importants appels de marge à cause des importantes variations survenues ces dernières semaines sur les prix des matières premières en réaction au conflit en Ukraine. Cet "appel à l'aide" témoigne de la fragilité et des dysfonctionnements du secteur. Après 3 séances consécutives de repli et une contraction de plus de -20% en 6 séances, les prix du pétrole remontent significativement ce matin (+4%) et repassent au-dessus du seuil de 100 $/brl.

 
L'optimisme se propage sur les marchés des changes : les annonces de la Fed n'ont pas eu les effets escomptés, mais offrent au contraire une cure d'optimisme aux acteurs financiers qui semblent adhérer à l'idée qu'une forte remontée des taux d'intérêt aux Etats-Unis ne déclenchera pas une récession. Les effets de retracement observés ces derniers jours se sont intensifiés hier et les devises dites "refuges" telles que le franc et le yen se sont vivement contractées face à l'euro. À l'inverse, les devises dites cycliques et les devises d'Europe de l'Est se sont vivement appréciées. On relèvera le rebond de la couronne suédoise (+1,4%) qui a enregistré hier sa meilleure séance depuis presque 4 ans (mai 2018).

 
Coup de projecteur ce jeudi : on suivra aujourd'hui les décisions monétaires au Royaume-Uni et en Turquie ainsi que la publication des estimations finales d'inflation en Zone Euro. Une réunion du G7 sur l'Ukraine est également à surveiller.

  

Volatilité des devises :

EUR/USD - Le dollar guère impressionné par la Fed (+0,7% hier) : on attendait de voir si la Fed serait capable d'amorcer un cycle de normalisation agressif et ainsi répondre aux attentes optimistes des marchés qui misaient sur 6 à 7 hausses de taux cette année. La banque centrale américaine n'a pas déçu et a bien confirmé sa priorité du moment, à savoir lutter contre une inflation actuellement à un pic de 40 ans et qui menace de pénaliser lourdement l'économie. Malgré une approche "agressive" couplée d'une communication optimiste sur les capacités de l'économie américaine d'absorber une remonter rapide et significative des taux d'intérêt, le dollar n'a guère été impressionné par ces annonces. Au contraire, les réactions très positives hier des marchés actions (+2% pour l'indice principal S&P 500 et presque +4% pour l'indice de valeurs technologiques Nasdaq) a offert un environnement favorable à une décompression de la devise américaine dont la volatilité récente a principalement résulté du statut de valeur refuge du dollar. Toujours orienté à la hausse ce matin, le taux EUR/USD a été aperçu à plus de 1,1050 $ mais semble montrer quelques difficultés à enclencher la seconde à l'approche du seuil de 1,11 $ qui fait office de résistance sur le mois de mars.

 
EUR/GBP - La livre remonte en attendant la Banque d'Angleterre (-0,1% hier) : après avoir bondi en début de semaine à un pic d'un mois à plus de 0,84 £, le taux EUR/GBP se contracte modérément depuis mardi. Si le mouvement correctif reste modeste, il pourrait s'accélérer cet après-midi sachant qu'une très probable hausse de taux au Royaume-Uni pourrait recentrer la volatilité de la paire sur les divergences monétaires croissantes entre le Royaume-Uni et la Zone Euro. On surveillera le seuil de 0,8360-70 £ qui fait office de support depuis une semaine. La cassure de cette barrière pourrait envoyer un signal aux acheteurs de livre et enclenché un repli plus prononcé de la paire EUR/GBP.

 
EUR/JPY - L'EUR/JPY poursuit sa folle remontée (+1,1% hier) : sous couvert d'un large rebond hier des bourses américaines après la Fed mais aussi plus tôt dans la journée des actions chinoises que l'on avait vu dégringoler sur le début de semaine, le taux EUR/JPY a vivement rebondi hier et engrangé plus de 1% de gains. Ce matin, la paire a temporairement franchi le seuil de Fibonacci de 78,6% de retracement du mouvement baissier observé entre le 11 février et le 7 mars. De retour au niveau de 131 ¥, la paire cumule actuellement plus de 4,5% de gains sur les 8 dernières séances et oscille à son plus haut niveau depuis 1 mois. Le fort rebond des actions cumulé à la baisse des tensions sur les prix des matières premières, notamment de l'énergie, favorise le redressement du taux EUR/JPY en ce moment. La situation en Ukraine reste à surveiller même si en ce moment son impact sur la volatilité des changes est réduit.

 
EUR/CHF - Le franc se contracte vivement dans un environnement de marché optimiste (+0,7% hier) : comme le yen, le franc a accentué hier son retracement baissier face à l'euro et cumulait après la séance d'hier -3,5% de pertes sur les 8 dernières séances. Le taux EUR/CHF a franchi le seuil de retracement de Fibonacci de 61,8%, ce qui conforte sa dynamique de redressement. Aux portes du seuil de 1,04 ₣, la paire oscille actuellement à son plus haut niveau du mois. Toujours orientée à la hausse ce matin, cette dernière marque un peu le cas alors que l'on voit les prix de l'énergie remonter vivement ce matin (+4% pour le pétrole et +3% pour le gaz naturel en France).