Actualités du marché des devises
Retrouvez les dernières informations sur le marché des devises telles que EUR/USD, EUR/GBP, USD/JPY, GBP/USD.
Partager
juin 16, 2021 | Analyse du marché des devises
Thèmes globaux
La Fed tient les marchés en haleine, la livre sterling soutenue par l'inflation
Tendance du jour : les positions semblent quelque peu figées à l'approche du verdict de la nouvelle réunion de la Fed qui sera rendu en début de soirée (20h00 heures françaises). L'euro est assez stable face à ses principaux pairs à l'exception de la livre sterling qui surfe ce matin sur des chiffres d'inflation au Royaume-Uni bien au-dessus des attentes, mais aussi face aux devises cycliques alors que l'on observe un dégonflement des pressions baissières sur les prix des matières premières. Quand bien même si les marchés actions chinois accentuent leur chute ce matin (-2,5% en cumulé sur les trois dernières séances), on ne décèle pas ce matin de réelle trace de nervosité sur les marchés des changes. Un grand nombre de devises émergentes sont orientées à la hausse ce matin face à l'euro comme le rand sud-africain ou encore la livre turque. C'est dire l'optimisme qui se dégage des marchés avant la Fed qu'une majorité d'observateur voit déboucher sur un statu quo et de nouveaux engagements de la part de la banque centrale américaine à poursuivre sa politique de soutien. Attention tout de même au risque de surprise et un ajustement du message de la part de la FED à l'égard de l'inflation alors que se multiplie les signaux aux Etats-Unis de forte remontée des prix (et de freins possibles à la consommation des ménages).
EUR/USD - Des positions gelées en attendant la Fed ce soir : comme lundi, la volatilité du taux EUR/USD a été encore très réduite hier. Plutôt orientée à la hausse, la paire de change a globalement vogué dans un espace restreint de 1,2100-1,2150 $ (+/- 0,4%), celle-ci ne profitant pas vraiment de chiffres macroéconomiques américains assez mitigés (contraction plus importante que prévu des ventes au détail mais rebond supérieur aux attentes de la production industrielle et des indices de prix à la production). Les investisseurs semblent avoir gelé leurs positions avant la réunion de la réserve fédérale américaine dont les conclusions seront rendues en début de soirée à 20h00 heures françaises. Comme à son habitude, le gouverneur central Jerome Powell tiendra une conférence de presse à partir de 20h30 dans laquelle il reviendra dans les grandes lignes sur l'évaluation faite par la banque des perspectives économiques actuelles aux Etats-Unis. Ce sera également l'occasion de commenter les nouvelles projections économiques trimestrielles de la banque centrale, ainsi que les projections monétaires ou "Dot Plot" qui illustrent le positionnement de l'ensemble des membres de la Fed concernant l'orientation des taux directeurs à court et long terme. Le sentiment qui se dégage de cette réunion est que la réserve fédérale est face à un dilemme : comment assurer un soutien à la reprise de l'économie américaine qui apparait clairement hétérogène et inégale tout en évitant d'alimenter des pressions inflationnistes ? La banque centrale ne devrait à priori procéder à aucun ajustement de son arsenal monétaire en juin, que ce soit au niveau des taux directeurs que de son programme quantitatif. Pourtant, à l'esprit des marchés un "tapering" ou une réduction de la voilure en matière de rachat d'actifs est inévitable au regard du fort redémarrage de l'économie et surtout des déséquilibres que commencent à créer une surabondance de liquidités sur les marchés (les opérations de reverse-repo de la Fed ont récemment atteint un record de plus d'un demi-milliard de dollars sur une journée pour absorber le surplus de liquidités des banques américaines / l'envol des prix de l'immobilier rappellent de mauvais souvenirs de 2008). La question est de savoir quand la Fed actionnera le bouton. Tout laisse à penser que la Fed devrait continuer à maintenir le flou sur la date et reporter la décision à la fin de l'été (symposium de Jackson Hole fin août ?) ou en septembre. La tâche aurait néanmoins été plus simple si l'on n'assistait pas en parallèle à une forte hausse des prix encore illustrée hier par l'accélération de la dynamique annuelle des prix à la production (PPI) à un nouveau niveau record de 6,6% (historique débutant en 2010). Comment nier l'évidence que la montée rapide des prix pourrait heurter, du moins modérément dans un premier temps, la reprise ? Tout simplement en affirmant que les pressions sur les prix sont éphémères et devraient progressivement dégonfler sur la fin d'année. C'est la position défendue par la Fed et le scénario actuellement intégré par les marchés comme en témoigne le différentiel actuel de dynamique entre les courbes d'anticipation d'inflation à 1 an (en hausse) et à 10 ans (en recul). Si jamais la Fed venait à ajuster son discours sur l'inflation et cibler un "problème", ce rétropédalage suggérait qu'un "tapering" pourrait très bientôt être envisagé pour faire dégonfler les prix, ce qui ne manquerait pas d'enflammer (un peu) les marchés de taux mais aussi des changes. Le dollar pourrait alors en profiter pour se renforcer. Il paraît presque trop évident que la Fed va opérer un statu quo que cela renforce le risque de vives réactions si jamais la communication officielle varie, même sensiblement. On surveillera les réactions du dollar entre ce soir et demain matin, et particulièrement une possible tentative de retracement de l'EUR/USD sous le seuil de 1,21 $, ce qu'on n'a plus vu la paire faire depuis un mois. Ce matin, la paire est assez stable et oscille à hauteur de 1,2130 $.
EUR/GBP - l'inflation au soutien de la livre sterling : après avoir subi un léger repli hier qui l'a renvoyé au niveau de 0,86 £ face à l'euro, la livre sterling se redresse légèrement ce matin grâce à l'appui d'une accélération de l'inflation au Royaume-Uni au-dessus de l'objectif de long terme de la Banque d'Angleterre fixé à 2% (2,1% en mai). Cela faisait presque 2 ans (juillet 2019 exactement) que la dynamique annuelle de l'indice de prix à la consommation n'avait pas atteint un tel niveau. L'indice sous-jacent qui exclut les produits dont les prix sont jugés très volatiles comme l'énergie, le tabac, l'alcool ou encore les denrées alimentaires remonte également à 2% en mai, ce qui ne lui était plus arrivé depuis août 2018. Ce résultat surprend un peu les marchés ce matin puisque le consensus misait plutôt sur un rebond de l'inflation générale de 1,5% à 1,8% et de l'inflation sous-jacente de 1,3% à 1,5%. Ces résultats arrivent à point nommé alors que se profile la semaine prochaine (24 juin) une réunion monétaire de la Banque d'Angleterre. Il sera intéressant de voir comment les banquiers centraux évaluent la montée des pressions inflationnistes dans le pays et quelles répercussions cela peut avoir sur la stratégie monétaire. Un membre de la BoE avait récemment évoqué un possible scénario de hausse de taux en 2022 si les pressions sur les prix venaient à persister. Inutile de dire que les marchés ont cela en tête. Pour le moment, la livre sterling ne fait pas l'objet de spéculations monétaires et se maintient (encore et toujours) au centre du couloir de 0,85-0,87 £. On peut légitimement penser qu'une action de la BoE, même un changement de communication en faveur d'une réduction du soutien monétaire, pourrait redonner un peu d'entrain à la livre sterling pour lui permettre de casser la résistance de 0,8580 £ et se rapprocher du seuil de 0,85 £ avec lequel elle n'a plus flirter depuis le mois d'avril. À suivre également ce mercredi les débats au Parlement, qui s'annoncent houleux, concernant la récente décision de l'exécutif de reporter de quatre semaines la dernière étape de déconfinement. Dans le camp des conservateurs, la décision passe mal rapporte ce matin l'agence d'information Bloomberg.
EUR/AUD & EUR/CLP - La chute des cours des métaux impacte les changes : à l'approche de la réunion de la Fed en marge de laquelle les investisseurs craignent un possible début de changement de cap monétaire vers un durcissement des conditions de crédit pour répondre à la montée de l'inflation, les prix des métaux ont lourdement chuté mardi. Le prix des contrats à terme de cuivre aux Etats-Unis a chuté de plus de -4% et enregistré sa plus forte contraction depuis fin avril tandis qu'en Chine le prix des contrats à terme de minerai de fer à la bourse de Dalian a cédé hier presque -4% et perdait ce matin encore quasiment -2%. L'annonce par ailleurs de la Chine de libérer ses réserves nationales de métaux pour stabiliser les prix a également un poids non négligeable dans la glissade actuelle des prix des métaux industriels que l'on avait vu bondir en mai à des niveaux excessivement hauts que l'on n'avait plus vu depuis plusieurs années. Sensibles à l'évolution des cours des métaux en tant que devise de pays exportateurs, le dollar australien et le peso chilien sont tous les deux pénalisés par cette dégringolade des prix. Le premier a cédé hier -0,4% face à l'euro (1,5770 A$) tandis que le second cité a cédé -1,1% (881 CLP). Les deux devises sont relativement stables ce matin mais elles pourraient encore subir davantage de pertes en cas de turbulences sur les marchés des matières premières après la réunion de la Fed de ce soir.
EUR/BRL - Le réal brésilien à hauteur de ses plus hauts de l'année avant la réunion monétaire au Brésil : le réal a enchaîné hier une seconde séance consécutive de hausse face à l'euro, ce qui porte ses gains à +1,3% sur le début de semaine en amont de la réunion monétaire programmée ce soir au Brésil. Le réal titille à nouveau ses plus hauts de l'année et depuis août 2020 en revenant à hauteur de la barrière de 6,10 BRL. Il y a un net consensus sur le fait que la banque centrale brésilienne devrait annoncer ce soir une hausse de taux de +75 pbs, ce qui ramènerait le taux directeur à 4,25%. Ce serait la 3ième hausse de taux opérée cette année par la banque centrale, et un rebond cumulé de +225 pbs du taux directeur principal. Après cela, les banquiers centraux brésiliens procèderont-ils à une pause ou comptent-ils encore poursuivre le cycle de durcissement monétaire ? C'est tout l'enjeu de la réunion de ce soir. Dans le premier cas, ce ne serait pas surprenant d'assister à un mouvement baissier sur le réal de type "achetez la rumeur, vendez la nouvelle", lequel pourrait être renforcé en cas de hausse du dollar après la Fed. Dans le second cas, le taux EUR/BRL pourrait être amené à briser le support de 6,10 BRL.
Recevez les dernières actualités sur le marché des devises
Publié cinq fois par semaine, ce bulletin d'information présente au quotidien des tendances et des activités qui touchent le marché sous forme d'actualités faciles à comprendre.