Actualités du marché des devises

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mars 26, 2021 | Analyse du marché des devises

Thèmes globaux

Les divergences sanitaires et économiques frappent l’euro / Le commerce mondial fragilisé par le blocage du Canal de Suez

   

Tendance du jour

On a assisté ce matin en Asie à une séance très haussière de la part des marchés actions, lesquels semblent s’être nourris des propos tenus hier par Joe Biden concernant l’accélération du rythme de vaccination souhaitée aux Etats-Unis. Désormais, le président américain vise 200 millions de vaccinations sur ses 100 premiers jours de présidence, soit le double de l’objectif initialement fixé.

Le contexte global est nettement moins averse au risque même si les cours du pétrole restent très fluctuants en raison du maintien du blocage du Canal de Suez, voie maritime la plus empruntée par le commerce internationale (voir détails dans la note). Des mouvements correctifs s’observent face à une aversion au risque nettement moins prononcée que lors des jours précédents. Le yen recule face à l’euro (129 ¥) tandis que le dollar australien rebondit (1,55 A$).

L’euro reste quant à lui toujours sur la défensive alors que l’Europe a recensé un pic d’infection de presque 3 mois hier. Cette 3ième vague fait craindre de nouvelles restrictions et une révision à la baisse des perspectives de croissance pour cette année dans la région. Les divergences sanitaires et économiques avec ses voisins britanniques et européens occasionnent un mouvement de repli prononcé des paires EUR/USD et EUR/GBP. La première est retombée depuis la veille à un plus bas depuis 4 mois sous le seuil de 1,18 $ tandis que la seconde revient tester ce matin ses plus bas de l’année et la barrière de 0,8550 £.

Sur les marchés émergents, le rouble se renforce ce matin et semble profiter du rebond de plus de 2% des cours du pétrole. Le réal brésilien reste sur la défensive face à l’euro (6,65 BRL) et reste très impacté par la dégradation de la situation sanitaire au Brésil.

  

La hausse des contaminations en Europe affaiblit l’euro (EUR)

Les jours passent et se ressemble pour l’euro qui a de nouveau essuyé d’importantes pertes lors de la séance de jeudi. Les inquiétudes portent sur la hausse rapide des contaminations de COVID en Europe alors qu’un pic des cas de près de 11 semaines a été atteint hier dans la région (presque 300k hier = plus haut depuis le 8 janvier). Face à cette troisième vague qui s’intensifie les responsables européens n’ont pas le choix que de durcir les restrictions, et c’est bien là le nœud du problème. Après un premier trimestre qui devrait à priori se ponctuer par une nouvelle contraction de l’activité en Zone Euro (premiers chiffres officiels de PIB au T1 dévoilés fin avril), les observateurs européens et acheteurs d’euro initialement espéraient un redémarrage progressif de l’activité à partir du T2 avant une accélération au second semestre. Cette nouvelle vague vient remettre en cause ce scénario et soulève un gros point d’interrogation sur une possible annulation de la saison touristiques estivale qui représente une large source de revenus pour de nombreuses nations du sud de l’Europe. En proie par ailleurs à d’importants retards dans la livraison de vaccins, les pays européens pourraient enregistrer une reprise en décalée par rapport au Royaume-Uni et aux Etats-Unis où l’efficacité des campagnes de vaccination et la relative stabilité de la situation sanitaire font espérer une réouverture rapide de l’économie. Face à ce constat, la Commission Européenne a durci le ton et présenté mercredi un dispositif de contrôle des exportations des vaccins produits en Europe, lequel a été validé hier par l’ensemble des dirigeants des 27 pays membres de l’UE réunis virtuellement hier à l’occasion de la première journée d’un Conseil de l’UE.

Les divergences sanitaires et économiques qui tendent à s’accroître entre l’Europe et ses voisins se répercutent dans le choix final des acteurs de marché. Ces derniers prennent leur distance avec l’euro qui n’a plus dans le contexte actuel la même cote qu’il avait en fin d’année dernière. Ainsi, la faiblesse de l’euro a débouché sur une nouvelle séance de repli de la paire EUR/USD (­0,4%) – la 3ième consécutive – que l’on a vu clôturer sous le seuil de 1,18 $ pour la première fois en 4 mois. Il faut dire que l’impression de divergences de dynamique a été renforcée hier à la lecture d’estimations de croissance américaine au dernier trimestre 2020 révisées à la hausse (4,3% vs. 4,1%) et d’une chute des nouvelles inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage à un creux d’un an. La paire de change enregistre actuellement un repli de -1,4% depuis mardi et est bien parti pour enregistrer en mars sa pire performance depuis 20 mois (-2,4% au 26 mars matin).

Le taux EUR/GBP a également été sensible à la dépréciation de l’euro et stoppé net une série de quatre séances consécutives de gain en enregistrant une chute de -0,8% hier. La divergence d’efficacité des politiques vaccinales entre le Royaume-Uni et l’UE demeure pour le moment le principal catalyseur haussier de la livre sterling face à l’euro. Après un bref passage au-dessus du seuil de 0,86 £, le taux est retombé jeudi sous cette barrière pour revenir se repositionner à proximité de la barrière de 0,8550 £ qui joue un véritable rôle de support sur ce mois de mars.

   

Le commerce mondial perturbé par le blocage du Canal de Suez (AUD, CNH, JPY)

Depuis quelques jours, la chaîne d’approvisionnement du commerce mondial est lourdement perturbée par le blocage du Canal de Suez par le porte-conteneur taiwanais Ever Given aux dimensions titanesques de 400 mètres de long et dont le poids avoisine les 220 000 tonnes. Echoué depuis mercredi, le cargo bloque l’entrée du canal et de la voie maritime la plus fréquentée du monde. Plusieurs navires commerciaux se voient donc l’accès bloqué et doivent rebrousser chemin tandis que d’autres réfléchissent déjà aux alternatives pour contourner ce point de passage hautement stratégique et véritable porte d’entrée des marchandises en provenance d’Asie et du Moyen-Orient vers le sud de l’Europe. C’est 10% du commerce mondial qui transite chaque année par cette voie de près de 200 km de long, d’où l’aspect critique de la situation pour les pays exportateurs et importateurs, notamment à l’heure de la reprise.

Cela pourrait prendre plusieurs jours, voire semaines avant que la situation se normalise, ce qui ne manquerait pas de causer d’importantes turbulences en termes d’approvisionnement, de logistiques et de co0t. C’est tout de même près de 10 Mds$ de marchandises qui habituellement empruntent chaque jour le Canal de Suez selon la société experte en transport Lloyd's List, et qui pourraient ne pas arriver à leur destinataire, du moins pas tout de suite. Pour les entreprises et les consommateurs européens, ce ne sont pas tant les approvisionnements en énergie qui sont à risque à cause de ce blocage puisque l’Europe s’approvisionne désormais davantage en Algérie, Norvège et en Russie pour le pétrole, mais plutôt les marchandises en provenance de Chine. Notamment les pièces manufacturées dédiées à la construction de véhicules, les produits électroniques ou encore le textile. Des voies de circulation alternatives pourraient être privilégiées via le Cap de Bonne-Espérance ou le Canal de Panama, ou bien d’autres moyens transports pourraient être considérés comme le fret aérien et ferroviaire par la Russie. Néanmoins, cela occasionnerait des différences de temps de transport et/ou un possible surco0t qui sera très certainement répercuté sur la facture finale à l’entreprise destinataire.

De prime abord, c’est l’Europe et son économie qui apparaît le plus impacté par cet épisode, ainsi que l’Egypte pour qui la gestion du Canal de Suez est seconde plus forte source de revenus derrière le tourisme. Néanmoins, il sera intéressant de voir si cela aura un impact à court et moyen terme (possiblement pas) sur les volumes d’échange entre la Chine et l’UE. En effet, on a là un nouvel argument justifiant la nécessité pour les européens de diversifier davantage leur source d’approvisionnement qui est aujourd’hui très dépendant de la Chine.

Le yuan paraît peu voire pas du tout impacté par ces considérations. La devise chinoise semble davantage sensible aux nouvelles tensions géopolitiques entre la Chine et l’Europe (Royaume-Uni & UE) ainsi qu’à l’évolution de la relation entre Pékin et Washington qui ne semble pas se réchauffer sous la nouvelle direction américaine. Les propos tenus hier par Joe Biden sur le président chinois (« pas d’once de démocratie en lui ») lors de sa première conférence de presse depuis son investiture ne trahit aucun doute sur le fait que les Etats-Unis entendent maintenir une position ferme vis-à-vis de Pékin. La paire USD/CNY, qui vient d’enchaîner 3 séances consécutives de hausse jusqu’à atteindre un pic annuel hier à 6,55 ¥, apparaît stable ce matin. Le taux EUR/CNH reste sur la défensive en raison de la faiblesse de l’euro à proximité d’un creux de 10 mois à presque 7,70 ¥.

Le blocage du Canal de Suez a surtout eu des répercussions pour le moment sur les prix du pétrole qui font depuis trois jours le yo-yo et ne savent pas où donner de la tête. Les cours du brut ont cédé près de -4% hier et ainsi quasiment effacé les gains engrangés mercredi, laquelle précédait déjà une séance de fort repli de -6%. Les vives variations des prix de l’énergie ont en partie joué un rôle dans le rebond récent du yen et le repli du dollar australien en milieu de semaine. L’aversion au risque tend à se dissiper sur cette fin de semaine et l’on voit des mouvements ce vendredi des mouvements correctifs se former. Si le taux EUR/AUD enchaine ce matin une seconde séance consécutive de repli après avoir clôturé mercredi à un pic de 3 semaines aux portes du seuil de 1,56 A$, celui-ci reste très sensible aux aspects commerciaux globaux et donc restera attentive aux répercussions éventuelles du blocage du Canal de Suez. Le taux EUR/JPY rebondit ce matin et revient se repositionner aux abords du seuil de 129 ¥.

   

Publications statistiques

L’estimation finale de PIB aux Etats-Unis au T4 2020 a été à la surprise générale révisée à la hausse de 4,1% à 4,3% en rythme annualisé. Autre surprise positive, les inscriptions aux allocations chômage ont chuté à un plus bas depuis un an (+684K vs. consensus +730k). Ces deux publications n’ont fait que renforcer le sentiment de divergence de dynamique économique entre les Etats-Unis et les autres régions développées, notamment la Zone Euro.

En Europe, la croissance des prêts aux ménages est restée stable en février (3% sur un an) tandis que les prêts aux entreprises non-financières ont légèrement accéléré (7,1% vs. 7,0% en janvier).

Tout en maintenant son taux directeur à un niveau inchangé de -0,75%, la banque centrale suisse (BNS) a indiqué vouloir poursuivre sa politique accommodante et se dit toujours prête à intervenir sur les marchés des changes pour faire pression sur le franc. Le taux EUR/CHF reste imperturbable au centre d’un couloir de 1,10-1,11 ₣ malgré les tourments de l’euro.

La banque centrale sud-africaine a elle-aussi maintenu son taux directeur à un niveau inchangé de 7%.

Ce matin, les ventes au détail au Royaume-Uni ont enregistré un rebond de 2,1% en février comme l’anticipait le consensus. Cela offre l’occasion à la livre sterling de poursuivre son rebond de la veille et de revenir tutoyer ses plus hauts de l’année face à l’euro (0,8550 £).

À suivre ce vendredi les indices Ifo de climat des affaires en Allemagne (10h00), les indices de prix PCE (13h30) et les estimations finales de l’indice Michigan de confiance des ménages (15h00) aux Etats-Unis. Ce vendredi, on suivra également la seconde et dernière séance du Conseil de l’UE.


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