Actualités du marché des devises

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mars 25, 2021 | Analyse du marché des devises

Thèmes globaux

Une livre sterling attentive aux débats européens sur les vaccins / Un yuan sur courant alternatif face aux nouvelles tensions

 

Tendance du jour

On assiste à un début de séance relativement calme où l’on relève néanmoins une sensation de dissipation des marques d’aversion aux risques présentes lors des deux précédentes séances. Les bons indices PMI publiés la veille en Europe et aux Etats-Unis mais également la tentative commune des britanniques et européens de trouver un terrain d’entente autour de l’approvisionnement des vaccins semblent avoir redonné un peu de baume au cœur des investisseurs.

Après une séance asiatique peu volatile, l’euro rebondit vivement ce matin face au yuan et tente de se repositionner au niveau de 129 ¥. Quant aux taux EUR/CHF, il reste stable dans la partie supérieure du couloir de 1,10-1,11 ₣, lequel encadre ses mouvements depuis maintenant 3 semaines. Le statu quo très largement attendu ce matin de la Banque Nationale Suisse permet à la paire de change de consolider sa position. À l’inverse, les paires EUR/AUD, EUR/NZD et EUR/NOK sont sur le recul et tentent d’effacer les pertes du début de semaine, quand bien même si le pétrole accuse ce matin un net repli de plus de -1% au lendemain d’une séance qu’il a conclu avec près de 6% de gains.

Le taux EUR/USD traîne son vague à l’âme à proximité de la barrière de 1,18 $. Les PMI rassurants hier en Europe ont tout juste permis de freiner la glissade. Les propos très optimistes sur les perspectives économiques aux Etats-Unis tenus hier par le gouverneur central américain Jerome Powell et la secrétaire au Trésor Janet Yellen ont conforté le mouvement d’appréciation du dollar.

Le yuan est sur courant alternatif et oscille sur ses plus bas niveaux de l’année face au dollar à plus de 6,50 ¥ après l’annonce hier par le régulateur américain de la mise en place de procédure d’application de la loi pouvant conduire à l’expulsion des indices boursiers américains d’une compagnie étrangère ne respectant pas les normes en matière d’audit financier. Retombé hier à un creux de 10 mois (7,70 ¥), le taux EUR/CNY voit sa chute temporairement stoppée.

   

L’optimisme de la Fed maintient l’EUR/USD sous pression malgré des PMI rassurants en Europe (EUR, USD)

L’intervention conjointe de la secrétaire au Trésor Janet Yellen et du gouverneur central américain Jerome Powell au Congrès n’a pas laissé les marchés insensibles, loin de là. En pleine ascension, le dollar a été soutenu encore hier par la communication optimiste des deux responsables américains concernant les perspectives économiques aux Etats-Unis. Pour Powell, il ne fait peu de doutes que 2021 sera très vraisemblablement une année « très très solide ». Sur le débat autour de l’inflation et des supposés risques de surchauffe liés à la remontée très rapide en ce début d’année des taux longs, le président de la banque centrale américaine se veut rassurant et estime que ces mouvements relèvent d’un réajustement naturel relatif à une amélioration des conditions économiques. Pas d’inquiétude donc et une confirmation que la Fed n’entend pas interférer, à la différence de son homologue européenne, pour freiner la hausse des taux souverains.

Le dollar a surfé sur cet optimisme pour enregistrer une 2ième séance consécutive de hausse face à l’euro, et une quatrième séance de gains depuis une semaine (+1,4% en cumulé). Résultat, le taux EUR/USD a clôturé à un nouveau point bas en 2021 à proximité du seuil de 1,18 $. Il faut même remonter au 12 novembre 2020, soit plus de 4 mois, pour revoir la paire de change clôturer à un niveau aussi bas. Les pertes auraient probablement pu être plus importantes sans l’appui des enquêtes PMI européennes dont les premières estimations de mars ont été jugées rassurantes. L’industrie en Zone Euro continue de tourner à plein régime et a connu un pic d’activité sans précédent en mars. L’activité des services s’est à nouveau contractée mais bien moins que prévu.

À la lueur de ces résultats, on peut penser que les dommages subis par la région au 1er trimestre pourraient se révéler moins important que prévu, ce qui est de bon augure compte tenu de la prolongation des restrictions sanitaires au mois d’avril. La reprise n’est donc pas pour le moment remise en cause, elle risque seulement d’être décalée dans le temps du fait du maintien des risques sanitaires dans la région. Le scénario qui se profile peu à peu est possiblement un rebond moins important de la croissance en Europe cette année mais une accélération espérée en 2022. C’est du moins ce qu’illustre la réévaluation hier des prévisions de croissance en Allemagne par l’institut Ifo. Celui-ci a révisé hier à la baisse sa précédente projection pour 2021 faite en décembre de 4,2% à 3,7% (+0,5%) mais révisé à la hausse sa projection pour 2022 de 2,5% à 3,2% (+0,7%).

Les indices PMI européens ont au moins permis de maintenir stable la paire EUR/CHF au centre d’un couloir de 1,10 – 1,11 ₣ dont elle ne bouge pas depuis maintenant 3 semaines malgré le retour des risques sanitaires en Europe. Le pétrole a surfé sur ses résultats pour enregistrer un fort rebond de 6% et ainsi effacer ces récentes pertes, offrant l’occasion aux devises canadiennes (+0,4% à 1,4850 C$) et norvégienne (+0,8% à 10,16 NOK) de retracer à la hausse.

 

Britanniques et européens tentent de trouver un accord « gagnant-gagnant » sur les vaccins (GBP)

Un vent d’espoir souffle après la publication d’une déclaration commune de la part du Royaume-Uni et l’Union Européenne sur leur volonté de trouver un arrangement « gagnant-gagnant » autour de la problématique des vaccins. Cela fait maintenant plusieurs semaines que les esprits s’échauffent et que le ton monte entre les deux voisins et partenaires économiques concernant l’approvisionnement de vaccin dont l’Union Européenne souffre très largement. Face aux multiples retards de livraison subis de la part de l’entreprise britanno-suédoise AstraZeneca, Bruxelles a soulevé la menace de recourir à des restrictions sur les exportations des vaccins produits dans les usines belges et néerlandaises, notamment à destination du Royaume-Uni. Il n’en fallait pas plus aux acteurs de marché pour voir dans ce conflit des relents de tensions hérités de quatre années de longues et après négociations sur le Brexit. Ce n’est donc pas anodin si depuis 3 semaines la livre sterling a vu son ascension face à l’euro stoppée nette, et subit même depuis quelques jours des pressions baissières qui ont accompagné un retour de la paire EUR/GBP au-dessus du seuil de 0,86 £.

L’exportation de vaccins est un sujet sensible en Europe au regard du retard pris par la région en matière de vaccination par rapport à ses homologues britanniques et américains. Les dernières statistiques font état d’une distribution de vaccins équivalent à 13% de la population au sein de l’Union Européenne alors qu’aux Etats-Unis le ratio est de 38% et au Royaume-Uni de 45% (source OurWorldInData). La question sera vivement débattue par les dirigeants des 27 membres de l’Union Européenne réunis virtuellement ce jeudi et vendredi à l’occasion d’un Conseil de l’UE. Toute mesure de contrôle sur la distribution de vaccins vers l’extérieur pourrait entraîner des mesures de rétorsion de la part des britanniques et détériorer une relation déjà très fragile depuis le choix de ces derniers de quitter le bloc économique européen.

Si la livre sterling limite les dégâts pour le moment, force est de constater qu’elle est actuellement sur une série de 4 séances consécutives de repli face à l’euro (pertes cumulées de -0,9%) et amorce cette nouvelle séance ce jeudi à nouveau sur la défensive. Un conflit ouvert entre les deux régions viendrait un peu plus saper la relation commerciale, laquelle a connu un vrai coup de mou sur le début d’année. Les chiffres de la Commission Européenne évoque une contraction de -59% sur un an des exportations britanniques vers l’UE en janvier et de -27% des importations.

  

Le yuan sur courant alternatif face aux menaces américaines de décote des certaines entreprises chinoises (CNY)

Le régulateur américain des marchés financiers (SEC) a annoncé hier soir le lancement de procédures destinées à la mise en application d’une loi signée par la précédente administration américaine visant à exclure des indices boursiers américains les entreprises étrangères ne respectant pas les normes en matière d’audit financier. Si elle n’est pas directement citée, c’est la Chine et ses entreprises technologiques qui étaient dans le viseur du précédent président américain Donald Trump dans cette loi. Autre critère, les entreprises étrangères souhaitant rester cotés sur les marchés financiers américains devront justifier la non-présence à leur comité directeur ou dans leur capital d’une entité gouvernementale ou d’un responsable politique. Là encore, Pékin et ses nombreuses entreprises d’Etat sont clairement la cible.

En retour à ces annonces, les titres des entreprises chinois cotés aux Etats-Unis chutent lourdement ce matin à la bourse de Hong Kong. L’indice de valeurs technologiques Hang Seng cède -1,5% ce jeudi matin, ce qui porte ses pertes à -9% depuis une semaine. Le yuan enchaîne ce matin une 3ième séance consécutive de repli face au dollar et oscille actuellement sur ses plus bas niveaux de l’année à plus de 6,53 ¥. Après avoir touché la veille un pic de 10 mois face à l’euro à presque 7,70 ¥, le yuan voit son ascension temporairement stoppée et se stabilise au niveau de 7,71 ¥.

Si pour le moment les variations restent relativement modestes, il faudra néanmoins surveiller de près la volatilité du yuan qui pourrait s’intensifier dans les prochaines semaines si jamais les tensions géopolitiques entre la Chine et les grandes économies occidentales s’intensifient. Alors que l’on savait la relation entre Pékin et Washington relativement fragile après quatre ans de présidence de Donald Trump, la relation Chine-UE connaît également quelques remous sur ces derniers jours. En cause les sanctions adressées conjointement par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’UE contre plusieurs responsables chinois impliqués dans le dossier Ouïghours. Les mesures de rétorsion rapides de la part de la Chine contre plusieurs parlementaires et organismes européens ont aussitôt soulevé le spectre d’une possible remise en question de l’accord sino-européen sur les investissements signé en décembre dernier après 7 ans de négociation.

  

Publications statistiques

L’indice d’activité manufacturière en Zone Euro a enregistré en mars une performance sans précédent et surtout inattendue par les marchés. L’indice enregistre une vive progression de plus de 4pts de 57,9 à 62,4 alors que le consensus misait plutôt sur un léger fléchissement à 57,7. Effet de base ou confirmation d’une activité très soutenue dans l’industrie ? Il faudra probablement quelques mois pour tirer cela au clair. L’activité des services se contracte pour le 7ième mois consécutif mais moins que prévu (48,8 vs. 45,7 en février et un consensus à 46,0). La contraction attendue au 1er trimestre pourrait finalement être moins significative qu’il ne l’était craint. Autre bonne nouvelle, la confiance des ménages en Zone Euro a, selon les premières estimations publiées hier, bondi à un pic de 13 mois en mars.

Au Royaume-Uni, les trois principaux indices d’activité PMI sont ressorties très largement au-dessus des attentes des marchés. Le lancement en début de mois par les autorités britanniques d’une stratégie graduelle de déconfinement semble avoir stimulé la confiance et stimulé l’activité. Si l’industrie connaît comme en Europe une forte expansion, on relève surtout en mars le fort rebond des services qui connaît sa plus forte expansion en 7 mois après avoir quatre mois consécutifs de contraction. Ces bons résultats n’ont pas eu de réels impacts sur la livre sterling qui cède du terrain depuis une semaine face à l’euro.

Petite déception en provenance des Etats-Unis où les commandes de biens durables se sont étonnement contractée en février (-1,1% M/M vs. consensus +0,8%). Les indices d’activité PMI sont quant à eux ressortis en ligne avec les attentes du marché et confirment la bonne solidité de l’économie américaine en ce moment.

Sans surprise, la banque centrale tchèque a maintenu un statu quo sur ses taux directeurs qui sont maintenus à 0,25%. Une décision imitée ce matin par son homologue suisse qui décide conserver ses taux directeurs inchangés à -0,75%.

À noter également ce matin le fort rebond du moral des ménages allemands à un pic de 5 mois. Un résultat qui ne capte néanmoins probablement pas les réactions aux récentes annonces du gouvernement allemand de prolonger le confinement jusqu’au 18 avril. En France, l’indice de confiance des acteurs de l’industrie reste stable à un plus haut depuis un an.


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