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mars 24, 2021 | Analyse du marché des devises

Thèmes globaux

L’euro craque et chute à un nouveau creux annuel sur fond de retour de l’aversion au risque

Tendance du jour

Le retour du sentiment d’aversion au risque évoqué la veille se prolonge ce matin sur les marchés des changes. La montée des risques sanitaires en Europe couplée aux nouvelles tensions géopolitiques entre la Chine et l’Union Européenne et les nouveaux écueils rencontrés par le vaccin AstraZeneca aux Etats-Unis pèsent sur le moral des acteurs de marché. Heureusement néanmoins les premières estimations PMI de mars publiées ce matin en Europe semblent plutôt rassurantes, du moins elles confirment la très bonne santé de l’industrie et les difficultés persistantes des services face au maintien des restrictions, lesquelles il faut le noter n’empirent pas.

L’euro reste orienté à la baisse et oscille à un nouveau creux de l’année face au dollar américain à presque 1,18 $. Avec un repli actuellement estimé à près de -2% sur le mois, la paire de change est en passe de subir sa pire performance depuis 20 mois.

Le taux EUR/JPY glisse également en raison du retour de l’aversion du risque et touche ce matin un creux de 3 semaines à presque 128 ¥. Après avoir accusé un fort rebond correctif la veille, les paires EUR/AUD et EUR/NOK n’enchainent pas et apparaissent stables ce matin.

Le taux EUR/CHF (1,1050 ₣) reste étonnement fortement valorisé et ne paraît pas vivement impacté par la montée des risques en risque. Il faut dire aussi que pour le moment les marchés actions européens tiennent bons et ne montrent aucun signe de panique.

À noter la bonne performance en ce moment des devises asiatiques face à l’euro, et notamment du yuan qui a franchi un cap important hier à 7,73 ¥ et oscille ce matin à un pic de 10 mois.

L’euro craque et est en passe de subir sa pire performance depuis 20 mois

Après avoir fait de la résistance toute la semaine dernière et réussi tant bien que mal à se maintenir au-dessus de 1,19 $, le taux EUR/USD a craqué et a glissé hier sous cette barrière pour atteindre ce matin un nouveau creux de 3 mois à presque 1,18 $. L’officialisation d’une troisième vague de contamination en Europe et la multiplication ces derniers jours des annonces de nouvelles ou prolongement des restrictions déjà en place dans la région pèse sur le moral des investisseurs et leur appétit à l’égard de l’euro. Le retour des risques sanitaires vient assombrir les perspectives économiques européennes, du moins à court terme. La contre-performance de la paire EUR/USD relève également d’un contraste saisissant entre la montée des incertitudes en Europe et à l’inverse un ciel qui se dégage du côté des Etats-Unis. Les propos du gouverneur central américain Jerome Powell indiquant que le redémarrage de l’économie américaine était actuellement plus rapide qu’il ne l’avait globalement anticipé donne l’impression de divergences de dynamique entre les Etats-Unis et l’Europe. Celles-ci participent à un élargissement des écarts de rendements obligataires de long terme entre les deux régions, ou un catalyseur qui a montré par le passé son influence sur la volatilité de l’EUR/USD. À cela s’ajoute le retour d’un sentiment d’aversion au risque qui favorise le retour en grâce des actifs refuges comme le yen, le franc suisse ou encore le dollar américain.

Le taux EUR/USD est en passe de subir ce mois-ci sa pire performance depuis juillet 2019 (20 mois) et accuse désormais un repli de plus de -4% depuis son pic atteint en janvier dernier. Oscillant ce matin à un nouveau point bas cette année, la paire EUR/USD pourrait accélérer sa chute si jamais la barrière de 1,18 $ venait à céder.

Retour de l’aversion au risque sur les marchés, les devises refuges sont à la fête (AUD, JPY)

Le retour des risques sanitaires en Europe qui jette une zone d’ombre sur la performance de la région au second trimestre et fait craindre une annulation de la saison estivale pour la seconde année d’affilée pèse lourdement sur le moral des investisseurs et leur appétit à pendre des risques. En plus de la recrudescence des infections on voit désormais poindre depuis plusieurs jours un climat de défiance générale à l’égard du vaccin AstraZeneca. Cible en Europe de soupçons d’effets nuisibles sur la santé, le vaccin produit par l’entreprise britanno-suédoise est désormais dans le collimateur des autorités de santé américaine. Celles-ci estiment que les résultats des essais présentés aux Etats-Unis prenaient en compte des données obsolètes ce qui pourrait complètement biaiser les résultats. Les épisodes de controverse s’enchainent pour ce vaccin qui à force pourrait faire l’objet d’une défiance grandissante des Etats mais aussi des citoyens à son égard.

L’autre source d’inquiétude actuellement discutée sur les marchés, c’est le possible retour de tensions géopolitiques entre la Chine et les pays occidentaux après le choix conjoint des autorités américaines, britanniques et européennes de sanctionner plusieurs personnalités chinoises à qui il est reproché d’avoir une responsabilité dans le « système de répression » (Jean-Yves Le Drian, ministre français des affaires étrangères) imposé contre la population ouïghoure. Pékin n’a pas tardé à réagir et annoncé hier des sanctions contre 10 parlementaires et universitaires européens et quatre organisations. Si pour l’heure les mesures de rétention, de part et d’autre, restent modestes et ne touchent pas aux relations économiques et commerciales, les acteurs de marché suivent avec le plus grand intérêt et non sans crainte l’évolution de ce dossier.

Symbole du retour de l’aversion au risque et de la perte de confiance des acteurs de marché face à une dégradation des perspectives européennes, les prix du pétrole ont reculé de près de -6% mardi (61,5 $). Cela porte désormais à près de -13% le repli des cours du brut en Europe sur les 8 dernières séances. Les devises cycliques comme le dollar australien et le dollar néo-zélandais ont lourdement souffert de cet environnement de marché comme en témoigne leur repli significatif hier de respectivement -0,9% (1,5550 A$) et -1,5% (1,69 NZ$) face à l’euro. En temps que devise pétrolière, la couronne norvégienne a également souffert et s’est déprécié de -1% mardi face à l’euro à 10,25 NOK. À l’inverse, le yen a enregistré un rebond de presque +1% face à l’euro – meilleure performance en séance depuis juin 2020 – et bondit à un pic de 3 semaines face à l’euro à moins de 129 ¥. La paire de change restait sur la défensive ce matin.

Les devises d’Europe de l’Est au plus bas, les devises asiatiques brillent (PLN, CZK, CNH)

La re-fermeture graduelle des économies européennes ne laisse pas les devises de l’ex-bloc de l’Est insensibles. L’économie de ces pays est principalement centrée sur la demande en provenance de l’Ouest et les revenus tirés des exportations de marchandises (souvent industrielles) vers cette zone. Aussi, il n’est pas surprenant de voir les devises comme le zloty polonais ou la couronne tchèque sous pression cette semaine face à la montée des risques sanitaires en Europe. Le zloty chute actuellement à son plus bas niveau depuis octobre dernier à plus de 4,62 PLN face à l’euro et n’est plus qu’à quelques encablures du creux touché en 2020 (4,6450 PLN) qui s’est avéré être au passage le point le plus bas touché par la devise depuis 2009. La couronne tchèque, que l’on avait vu faire preuve jusqu’à présent de résilience, chute ce matin à un creux de 2 semaines face à l’euro à plus de 26,0 CZK. Le forint hongrois voit les pressions baissières dégonfler mais reste toujours à hauteur de ses plus bas historiques (366 HUF).

Les devises asiatiques connaissent un destin totalement inverse et affichent une bonne dynamique face à l’euro. Celles-ci profitent du décalage de perspectives économiques entre l’Asie (plus fort potentiel de croissance en 2021) et l’Europe où le retour des risques sanitaires fait craindre un décalage de la reprise. On relèvera parmi les bonnes performances des devises asiatiques le rebond du yuan chinois qui est parvenu hier à casser la résistance de 7,73 ¥ contre laquelle elle se heurtait depuis plusieurs semaines face à l’euro. La paire EUR/CNH reste sur la défensive ce matin et oscille désormais à un plus bas depuis 10 mois à presque 7,70 ¥.

Publications statistiques

Le point central de la journée de mercredi est la publication des premières estimations des enquêtes d’activité PMI du mois de mars en Zone Euro (10h00), au Royaume-Uni (10h30) et aux Etats-Unis (14h45). Les marchés seront particulièrement sensibles aux éventuelles divergences de reprise entre ces régions.

Ce matin, les chiffres d’inflation au Royaume-Uni (recul surprise de l’indice général de 0,7% à 0,4%) et en Afrique du Sud (recul de l’indice général de 3,2% à 2,9%) ont fortement déçu, ce qui ne manque pas d’atténuer temporairement les spéculations autour d’une flambée des prix en 2021.


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