Actualités du marché des devises

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mars 23, 2021 | Analyse du marché des devises

Thèmes globaux

Retour de l’aversion au risque sur les marchés & des incertitudes centrées sur l’Europe

Tendance du jour

Le début de séance est marqué par un regain d’aversion au risque sur les marchés des changes sous couvert de repli des indices action asiatiques et de repli des cours du pétrole (-1,5%) alors que les espoirs de forte reprise sont actuellement remis en cause par le regain de vigueur de la pandémie. L’Europe est actuellement au centre des inquiétudes mais la situation aux Etats-Unis commence également à attirer les regards sachant qu’on observe une légère hausse des infections dans certains Etats. Les tensions actuelles autour des vaccins favorisent également la dégradation du sentiment des marchés. Alors que le vaccin AstraZeneca continue de faire l’objet de doutes sur les risques pour la santé qu’il pourrait provoquer, on voit réapparaître dans le même temps de nouvelles tensions entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne concernant la livraison de vaccins.

Une perte de confiance des investisseurs conjuguée à un repli des prix des matières premières provoquent ce matin un mouvement correctif de devises comme le dollar australien (-0,4% à 1,55 A$), le dollar néo-zélandais (-1% à 1,68 NZ$) ou encore le rouble russe (-0,8% à 90 RUB).

Après une séance de répit la veille, l’euro est à nouveau sur le reculoir ce matin face au yen (129 ¥) et face au dollar américain contre lequel il menace de chuter sous le seuil de 1,19 $.

Cette aversion au risque profite à la paire EUR/GBP qui consolide ce matin son retour la veille au-dessus du seuil de 0,86 £, cela en dépit de la publication d’une baisse surprise du chômage au Royaume-Uni en janvier (de 5,1% à 5,0%).

Sur les marchés émergents, l’euro est en repli face à l’ensemble des devises asiatiques. Les devises d’Europe de l’Est telles que le zloty polonais, la couronne tchèque ou encore le forint hongrois restent sur la défensive et pâtissent pleinement des incertitudes sanitaires en Europe. Après sa déconfiture de la veille marqué par un repli de plus de -8%, la livre turque retrouve des couleurs ce matin et rebondit de plus de 1% face à l’euro en direction de la barrière de 9,0 TRY.

L’Europe à nouveau menacé par les incertitudes sanitaires (CHF)

Après la France et l’Italie, l’Allemagne a annoncé lundi un resserrement des mesures sanitaires et décidé de prolonger le dispositif de confinement actuel jusqu’au 18 avril prochain. En accord avec les présidents de région, le gouvernement prévoit même un durcissement des restrictions durant la période de célébration de Pâques (1-5 avril) qui implique une quasi-fermeture de tous les magasins. C’est un large revirement opéré par la première économie européenne qui initialement prévoyait d’assouplir les mesures sanitaires à la fin du mois. Cette décision impopulaire était inévitable aux yeux de la chancelière allemande Angela Merkel pour stopper la propagation de variants qui s’avère plus infectieux et plus mortels. L’Allemagne n’est pas le seul pays à annoncer hier de nouvelles mesures en Europe puisque la Finlande a décidé de maintenir les bars et restaurants fermés pendant encore trois semaines jusqu’au 18 avril.

Ces nouvelles mesures de restriction posent irrémédiablement une zone d’ombre sur la dynamique de reprise en Europe qui pourrait à nouveau être altérée au second trimestre, et surtout sur le bon déroulé de la saison touristique estivale sur laquelle plusieurs pays du sud de l’Europe comptent pour redémarrer. Depuis deux jours, les cours boursiers des compagnies aériennes européennes sont en net recul (-9% pour IAG, -7% pour le titre Lufthansa, -4,5% pour Air France) et témoignent de la montée des inquiétudes quant à un éventuel maintien des restrictions de déplacement en Europe cet été. Une ministre britannique a été hier l’un des premiers responsables politiques à officiellement mettre en avant cette menace en indiquant à la BBC qu’à ses yeux il serait préférable d’attendre avant de réserver ses vols internationaux pour l’été. Alors que le secteur du tourisme et du voyage pèse environ 10% du PIB au sein de l’Union Européenne, pour certains pays comme la Croatie (25%), la Grèce (21%), le Portugal (20%), l’Autriche (15,5%), l’Espagne (14,5%), l’Italie (13%), on est bien au-dessus de cette moyenne.

La paire EUR/CHF paye depuis environ une semaine dernière les pots cassés du retour des incertitudes sanitaires en Europe. Celle-ci s’est repliée de -0,4% lundi et du double depuis 6 séances pour revenir se repositionner aux abords du seuil support de 1,10 ₣, soit ses plus bas niveaux observés sur le mois de mars. Si la valorisation de la paire de change reste relativement élevée au regard de l’historique récent (cours moyen 2021 inférieur à 1,09 ₣ et cours moyen 2020 à 1,07 ₣), un mouvement correctif semble se dessiner sur ces dernières semaines. Après deux séances consécutives de baisse, le taux EUR/USD a fini hier dans le vert et consolidé sa position à plus de 1,19 $ néanmoins il paraît toujours vulnérable.

Un changement de tendance sur le dollar ? (USD)

Selon les dernières statistiques du CFTC publiées lundi, la semaine dernière les positions nettes en dollar sur les marchés à terme américains étaient à l’achat pour la 1ère fois depuis le mois de novembre dernier, et surtout à un plus haut depuis 9 mois. Au sein d’un marché que l’on savait en fin d’année dernière unilatéralement défiant à l’égard du dollar, le fait est trop marquant pour ne pas être notifié. Il est encore trop tôt pour parler d’un éventuel changement de tendance et d’un revirement de sentiment des acteurs de marché en faveur du billet vert mais il convient de noter que la variation et troublante. Surtout, elle intervient peu après le vote du nouveau plan de relance américain de 1900 Mds$, la révision à la hausse significative de 4,2% à 6,5% des projections de croissance 2021 aux Etats-Unis par la réserve fédérale américaine, mais aussi de l’officialisation d’une 3ème vague de contamination en Europe. La domination du dollar ; très largement remise en cause l’année dernière ; semble ne pas avoir dit son dernier mot et s’exprime au gré du manquement des autres devises principales comme l’euro et la livre sterling à s’imposer comme une alternative crédible.

À court terme, plusieurs facteurs semblent privilégier le dollar à l’euro, et en premier lieu la dynamique de reprise qui semble plus avancée outre-Atlantique qu’en Europe. Si les niveaux de contamination sont actuellement à un plateau aux Etats-Unis et semblent indiquer que la première économie mondiale n’est pas encore tirée d’affaire, cette dernière peut néanmoins se targuer d’accélérer en matière de vaccination et d’aides déployées pour soutenir l’économie. Les Etats-Unis administrent en moyenne 2,5 millions de doses par jour et a à ce jour distribué une dose à l’équivalent de 37% de sa population selon le site OurWorldInData, ce qui le classe au 5ième rang des pays qui ont le plus vacciné (en relatif) derrière le Royaume-Uni, le Chili, les Emirats Arabes Unis et Israël. À titre de comparaison, le ratio est de 13% au sein de l’Union Européenne. En matière de soutien, la présidence de Joe Biden compte redoubler d’efforts pour « reconstruire » l’économie américaine. Aussi quelques jours après le vote au Congrès d’un troisième plan de soutien qui porte l’effort de l’Etat à près de 3 000 Mds$ depuis décembre, la Maison Blanche planche actuellement sur un large plan de dépenses en infrastructure et d’aide à la transition écologique d’un montant qui varie, selon les premiers échos relayés dans la presse, entre 3 000 et 4 000 Mds$. Si aucune annonce officielle n’est programmée cette semaine, les rumeurs à ce sujet risquent d’enfler dans les prochains jours et semaines. Rien n’est pour le moment acquis car il faudra cette fois parvenir à convaincre une partie des sénateurs républicains de soutenir ce projet de loi pour espérer qu’il arrive sur le bureau ovale du président américain. Le choix de passer en force le dernier plan de relance au détriment de l’opposition pourrait causer quelques séquelles et compliquer les projets de Biden. L’un des points clés du succès ou non de ce projet tient également dans son financement que les démocrates semblent vouloir réaliser via des hausses d’impôts sur les ménages les plus aisés et sur les sociétés.

Si on peut douter des bienfaits à long terme d’une politique de double déficit (commercial et budgétaire) sur le dollar, ainsi que les répercussions pour le billet vert face aux possibles secousses financières que provoquerait une large hausse des impôts sur les sociétés, pour l’heure les planètes semblent aligner et justifier un renforcement de la devise américaine. Les divergences économiques et sanitaires entre les Etats-Unis et ses pairs sont favorables à la devise américaine, aussi il sera intéressant de suivre les fluctuations dans les prochaines semaines et mois, qui ne nous surprendraient pas si elles devenaient haussières.

Des marchés partagés et une livre turque en pleine déconfiture (JPY, CAD, TRY)

La séance de lundi a été marquée par un mélange de sentiment des acteurs marché en partie rassurés par le dégonflement des taux souverains américains mais inquiets de la montée des incertitudes sanitaires (et du coup économiques) en Europe. Si le taux EUR/JPY s’est repris et a fini la première séance de la semaine dans le vert non loin du seuil de 130 ¥ sous l’impulsion d’un rebond des valeurs technologiques aux Etats-Unis (+1,2% lundi pour l’indice Nasdaq, et +2% depuis vendredi), à l’inverse les devises pétrolières et émergentes ont fait grise mine. Le pétrole reste plutôt orienté à la baisse sur fond de craintes d’une baisse de la demande dans les prochains mois du fait d’un possible maintien des restrictions de déplacement, et ce matin l’indice Brent européen et le WTI américain cèdent tous les deux -1,5%. Le taux EUR/CAD profite des pressions à la baisse sur les cours du brut pour se refaire une petite santé après sa chute la semaine dernière à un creux d’un an. Hier, la paire de change a progressé de +0,4%, ce qui porte à +0,9% ses gains sur les quatre dernières séances, et a touché un pic d’une semaine à plus de 1,49 C$. Le rouble russe connaît de nouveaux désagréments et subit actuellement un repli de près de -4% face à l’euro en l’espace d’une semaine. Le taux EUR/RUB progresse même de presque +1% ce matin pour revenir tutoyer ses plus hauts niveaux du mois et la barrière de 90 RUB.

Le yuan a peu réagi hier à l’annonce de sanctions conjointes de la part de l’Union Européenne et du Royaume-Uni contre plusieurs responsables sur le dossier des Ouïgours. Tant que les pénalités sont d’ordre individuelle et ne frappent pas directement l’économie chinoise, la devise chinoise apparaît peu sensible à ce volet géopolitique. Les intervenants de marché sont davantage concernés par l’évolution de la relation entre la Chine et les Etats-Unis sous la nouvelle présidence de Joe Biden. Les premiers échanges officiels réalisés la semaine dernière en Alaska entre les deux pays ont mis en lumière les divergences de position entre les deux principales économies mondiales mais sont restés cordiaux et constructifs d’après les retours entendus à Pékin. Le taux EUR/CNH reste donc toujours à proximité du seuil de 7,73 ¥ contre lequel il se casse les dents depuis deux semaines.

Comme déjà évoqué dans la note de la veille, l’épisode de volatilité le plus marquant hier a été observé en Turquie où la livre a clôturé la journée avec plus de 8% de pertes face à l’euro à un plus bas depuis 3 mois à près de 9,30 TRY. Cette déconfiture de la devise turque intervient après l’annonce tardive vendredi soir du limogeage du gouverneur central par la présidence. Les pressions baissières s’estompent ce matin et le taux EUR/TRY corrige de -1%.


Publications statistiques

Il y a eu peu de données économiques à se mettre sous la dent hier sinon la balance courante européenne qui recule vivement en janvier (de 36,7 à 30,5 Mds€) après avoir atteint un pic de plus de 2 ans en décembre. Néanmoins, elle reste très largement positive.

Encore une fois, le secteur de la construction aux Etats-Unis a déçu. Les ventes de maisons existantes se sont contractées deux fois plus que prévu en février (-6,6% M/M vs. consensus -3,0%). Les mauvaises conditions climatologiques outre-Atlantique durant ce mois-ci peuvent expliquer cette contre-performance.

Ce matin, les chiffres de l’emploi au Royaume-Uni ressortent moins mitigés que prévu. La contraction des postes sur la période de novembre à janvier s’est révélée moins importante que ne l’anticipait le consensus (-147k vs. consensus -167k) et le chômage a lui étonnement reculé de 5,1% à 5,0% alors que le marché anticipait une hausse à 5,2% sur le début de l’année. Le maintien de dispositif d’aides à l’emploi et de chômage partiel par l’Etat en marge de l’annonce d’un nouveau confinement au Royaume-Uni sur le début d’année a très probablement limité les dommages sur l’emploi. Cela n’a néanmoins pas d’effet sur la livre sterling qui enchaîne ce matin une 3ème séance consécutive de repli face à l’euro et s’échange à plus de 0,86 £.

Parmi les évènements majeurs à suivre aujourd’hui, on a une réunion monétaire en Hongrie qui devrait très vraisemblablement déboucher sur un statu quo (14h00), de nouvelles statistiques du secteur de la construction aux Etats-Unis avec la vente de maisons neuves (15h00) ainsi que les sorties très suivies de nombreux membres de la Fed en fin de journée.


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