Actualités du marché des devises

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mars 10, 2021 | Analyse du marché des devises

Thèmes globaux

Plan de relance et inflation américaine au programme :  une séance à nouveau marquée par des turbulences sur les taux ? 

  • Plan de relance et inflation surveillés aux Etats-Unis (USD) : la Chambre des représentants devrait donner aujourd'hui son feu vert au plan de relance tant attendu de 1900 Mds$, lequel est à l'origine de la vive poussée des anticipations d'inflation et la forte remontée des taux souverains de long terme. Parallèlement à cette annonce, les marchés suivront attentivement la teneur des nouvelles statistiques d'inflation aux Etats-Unis (14h30) et les réactions qui s'en suivront sur les marchés obligataires.
  • L'Europe à la traîne en termes de reprise (EUR) : les nouvelles projections de croissance de l'OCDE ont été significativement révisées à la hausse grâce à l'impulsion des vaccins. Néanmoins, la Zone Euro semble montrer un certain retard à l'allumage contrairement à son voisin américain où un rebond de 6,5% est attendu cette année. Des divergences économiques qui abondent dans le sens de la trajectoire baissière de l'EUR/USD (1,19 $).
  • La Banque du Canada sous le feu des projecteurs (CAD) : si un statu quo attendu cet après-midi au Canada, les marchés espèrent que la banque centrale délivre quelques détails sur son calendrier monétaire face à la multiplication des signaux de reprise. Alors que le consensus mise actuellement sur une normalisation monétaire prématurée au Canada, le dollar canadien va tester en marge de cette réunion son récent regain de popularité (pic d'un an touché face à l'euro à 1,50 C$).

Tendance du jour

Les bourses asiatiques sont restées relativement muettes cette nuit malgré le fort rebond mardi de la bourse américaine. En difficulté depuis plusieurs jours, l’indice technologique NASDAQ s’est relevé de +4% lors de la séance d’hier et ainsi effacé une partie des -11% de pertes subies depuis son dernier pic historique atteint mi-février. La rotation sectorielle récemment observée des valeurs technologiques vers les valeurs plus industrielles a ainsi été momentanément suspendue mais il est encore trop tôt pour tirer la moindre conclusion définitive. Les bourses européennes sont dans le vert ce matin (+ 0,15% pour le CAC40) et se maintiennent à proximité de leurs plus hauts niveaux de l’année.

La journée d’aujourd’hui sera incontestablement américaine avec le vote clé du plan de relance de 1900 Mds$ à la Chambre des représentants, dernière étape avant son adoption, et la publication des statistiques d’inflation aux Etats-Unis. Les rendements obligataires américains long terme repartent déjà à la hausse ce matin après une séance de pause hier. Les rendements à 10 ans se maintiennent toujours au-dessus des 1,50%.

Alors que les écarts de rendement sur les taux obligataires souverains à 10 ans entre les Etats-Unis et la zone euro est toujours à un plus haut depuis 1 an, l’EUR/USD est à la baisse ce matin (-0,15%) et s’écarte du seuil de 1,19 $ que la paire avait tenter de rejoindre la veille. La tendance de l’EUR/JPY est pour le coup moins tranchée que celle de l’EUR/USD. La paire fluctue depuis 6 séances consécutives sur le niveau des 129¥. Les anticipations de forte accélération de l’économie mondiale cette année alimentées hier par les nouvelles projections très optimistes de l’OCDE (révision à la hausse de la croissance mondiale pour 2021 de 4,2% à 5,6%) participent au maintien de la paire de change à proximité de ses plus hauts niveaux de l’année et depuis 2 ans. On peut faire le même constat concernant la paire EUR/CHF qui se maintient entre 1,10 et 1,11 ₣.

Malgré leur baisse de ce matin, les devises cycliques restent en grande forme, au même titre que les devises émergentes d’Amérique latine. Le peso colombien a notamment progressé de + 4% face à l’euro durant les 3 dernières séances (actuellement à 4265 COP). Dans le même temps, le real brésilien peine à se remettre de la récente méfiance des marchés, d’autant plus que le Brésil a battu hier son record journalier de morts du Covid-19 (1972). La paire EUR/BRL traite actuellement près de son plus haut historique sur les 6,89 BRL. Pour finir, le yuan est en hausse de +0,2% face à l’euro, en marge des publications d’inflation chinoise qui pourraient rajouter de l’eau au moulin des anticipations de normalisation monétaire à venir. La paire EUR/CNY retombe ce matin sous le seuil de 7,75 ¥ et tutoie à nouveau ses plus bas niveaux depuis mai 2020.

Relance et inflation : un dollar à surveiller

Le plan de relance américain de 1900 Mds$ devrait vraisemblablement être adopté aujourd’hui dans sa version finale par la Chambre des représentants. Le vote devrait avoir lieu à 14h00 heure française d’après les déclarations hier du député démocrate Steny Hoyer. Au regard de la majorité démocrate actuelle au sein de la chambre basse du Congrès, le vote apparaît comme une simple formalité et l’opposition unilatérale du camp républicain à ce projet de loi jugé dispendieux ne devrait pas changer quoi que ce soit, sinon possiblement accentuer la fracture entre les deux principales formations politiques du pays. Cela pourrait être un détail important dans le futur lorsqu’il faudra négocier de nouvelles réformes mais pour le moment l’important est ailleurs. C’est une première victoire pour la nouvelle présidence qui a défendu bec et ongle ce nouveau programme de soutien massif, lequel a la particularité d’être bien plus généreux à l’égard des ménages par rapport aux entreprises comparativement aux deux plans précédents votés en mai et décembre 2020. Ce nouveau stimulus fiscal vient conforter les thèses inflationnistes actuelles et pourraient à son annonce déclencher une nouvelle hausse des taux souverains de long terme américains. Cela dépendra également de la couleur des nouvelles statistiques d’inflation publiées dans l’après-midi aux Etats-Unis (14h30).

Si la dynamique des derniers mois était relativement faible, les analystes s’attendent à une accélération de la dynamique annuelle d’inflation générale de 1,4% à 1,7% A/A en février, ce qui constituerait le plus haut niveau observé depuis le début de la pandémie. La dynamique annuelle de l’indice sous-jacent excluant les produits aux prix volatiles comme l’énergie et les produits alimentaires devrait quant à elle rester stable à 1,4%. Le moindre signal d’accélération des prix aux Etats-Unis viendra créditer les scénarios d’un large retour de l’inflation en marge de la reprise, et du coup donnerait du grain à moudre aux spéculations actuelles autour d’un possible durcissement prématuré de la politique monétaire américaine et une éventuelle première hausse de taux réalisée bien avant l’échéance de 2023 fixée par la Fed.

Hier, les rendements à 10 et 30 ans des bons du trésor américain ont quelque peu marqué le pas sous couvert d’un rebond des marchés actions américains mardi et d’un bon accueil réalisé à l’émission de nouvelles dettes par le Trésor américain. Le dollar s’en est trouvé affaibli et effacé une partie des 2% de gains engrangés entre mercredi dernier et lundi. La paire EUR/USD s’est écartée du creux de 3 mois touché mardi à 1,1840 $ et est remonté à hauteur de 1,19 $. L’adoption du plan de relance cet après-midi devrait avoir un impact limité sur la volatilité des marchés des changes et de la dette. Elle est en effet anticipée depuis plusieurs mois. Les chiffres d’inflation sont quant à eux plus susceptibles de générer des remous sur le dollar en cas d’important décalage avec le consensus des analystes.

Vaccin et croissance : l’EUR est la lanterne rouge

À l’occasion de la publication de son nouveau rapport hier, l’OCDE s’est montrée bien plus optimiste sur la reprise économique globale. L’organisation s’attend désormais à une croissance mondiale de 5,6% cette année, contre 4,2% anticipé en décembre dernier. Les disparités sont toutefois importantes entre les pays. Alors que les perspectives de croissance en Zone Euro pour cette année ont été relevées de +0,3% à 3,9%, celles aux Etats-Unis ont été réhaussées de +3,3% à 6,5%, et celles d’Inde de 4,7% à 12,6%. L’effet combiné du plan de relance américain et des campagnes de vaccination expliquent en partie cet optimisme. L’OCDE estime même que l’adoption du plan de relance de Joe Biden pourrait ajouter 1 point de croissance supplémentaire à l’économie mondiale.

La réalisation de ce scénario repose essentiellement sur la rapidité et l’efficacité des campagnes de vaccination mondiales. L’économiste en chef de l’OCDE a justement dénoncé le rythme trop lent de vaccination dans le monde. Le rapport met également en lumière le risque d’une nouvelle baisse des dépenses de consommation et de la confiance des entreprises si les vaccinations ne sont pas assez rapides pour freiner la hausse des contaminations et la diffusion des nouveaux variants du virus.

Alors que la vaccination est aujourd’hui critique pour la sortie de la crise sanitaire et économique, Thierry Breton (commissaire européen aux affaires internes) a annoncé hier que l’Agence européenne du médicament (EMA) allait très prochainement son feu vert à l’utilisation du vaccin du laboratoire américain Johnson & Johnson. En amont de cette annonce il se pose toujours la problématique de la production et de la distribution des vaccins en Europe à l’origine du retard actuel pris par la région par rapport à ses voisins britanniques et américains.

À la traine sur les vaccins, sur la croissance et sur les taux d’intérêts, la Zone Euro et sa devise l’euro pourraient à terme une perte d’intérêt de la part des investisseurs. Durant une séance de détente du risque hier, la devise européenne est repartie à la baisse face aux devises cycliques. Elle a notamment cédé 0,30% face au dollar australien ou encore 0,40% face à la couronne suédoise. La couronne norvégienne reste pour l’instant la plus plébiscitée des intervenants de marché. En hausse de 0,25% face à l’euro hier, elle a atteint un nouveau record sous le niveau des 10,07 NOK.

La Banque du Canada à l’épreuve des anticipations des marchés

C’est dans un contexte de vive remontée des taux souverains et débats sur l’inflation que la Banque du Canada (BoC) délivrera les conclusions cet après-midi (16h00) les conclusions de seconde réunion monétaire de l’année. Certains observateurs voient néanmoins dans la hausse récente des rendements de long terme à leur plus haut niveau depuis un an des signes de confiance des marchés sur la reprise au Canada cette année. Il est vrai que les facteurs d’optimisme se multiplient sur ce début d’année comme la bonne performance de l’économie au T4 2020 qui vient valider le pic historique enregistré au T3, le prolongement de l’accélération des prix du pétrole sur le début de l’année (près de +30%), et la bonne santé du secteur de l’immobilier. À tel point que plusieurs économistes anticipent un possible début de normalisation monétaire de la part des banquiers centraux canadiens d’ici la fin de l’année via une réduction des rachats d’actif. Quant aux marchés, ils anticipent déjà une première hausse de taux à horizon 2022 alors que jusqu’à présent la banque centrale s’est positionnée pour un statu quo des taux directeurs jusqu’en 2023. Au regard des faiblesses récurrentes observées sur le marché du travail jusqu’à présent (les chiffres de février ne seront publiés que vendredi) et de la dynamique à ce jour modeste visible sur les prix à la consommation (dynamique annuelle d’inflation recensée à 1% en janvier), il est fort probable que les responsables monétaires maintiennent la politique monétaire inchangée pour le moment. La question aujourd’hui est plutôt de savoir si ces derniers envisagent de nouvelles mesures d’assouplissement pour calmer les tensions récentes aperçues sur les marchés obligataires que certains membres de la BoC pourraient juger dangereuses pour la reprise.

Les marchés sont-ils trop ambitieux ou la banque centrale est-elle trop frileuse ? C’est tout l’enjeu de la réunion de ce mercredi au cours de laquelle la BoC livrera, selon son bon vouloir, des détails sur stratégie monétaire à l’aune de son interprétation des conditions économiques et financières actuelles. Au regard des incertitudes qui persistent autour de la situation monétaire globale, il est fort probable que cette dernière joue la carte de la prudence et n’abonde pas dans le sens d’un virage monétaire prématuré. Dans l’éternel débat qui est de savoir s’il vaut mieux durcir trop rapidement ou trop tardivement les conditions de crédit, il est certain que les banquiers centraux penchent bien souvent pour la seconde option. Aussi s’il est peu probable que la banque ouvre la porte à un changement de direction aussi tôt dans l’année, les investisseurs seront sensibles à sa communication et auront loisir d’interpréter les termes qui ont été choisis ou délibérément omis par rapport à la précédente réunion réalisée en janvier dernier.

Pour le dollar canadien, cette réunion monétaire sera également l’occasion pour lui de tester sa « popularité » du moment qui l’a vu bondir cette semaine à un pic d’un an face à l’euro à 1,50 C$. La devise s’est renforcée de +2,5% sur le début du mois de mars et de près de 5% depuis la fin décembre. Néanmoins, la paire EUR/CAD est encore très loin de ses niveaux d’avant crise situés entre 1,44 et 1,48 C$. Les divergences de reprise économique entre le Canada et la Zone Euro ainsi qu’une accélération des cours du pétrole pourraient progressivement ramener la paire de change dans ce couloir mais encore faut-il que cette thèse abondement nourrie par les projections des organisations internationales se matérialise dans les données économiques, ou bien soit validée par la banque centrale canadienne.


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