Actualités du marché des devises

Thèmes globaux

Optimisme à la Commission européenne : l'euro rebondit 

Une tendance haussière qui semble marquer le pas

Après 2 semaines de formidable hausse, les marchés actions ralentissent aujourd'hui. Les indices européens ouvrent dans le rouge et les futures des indices américains laissent présager une baisse à l'ouverture des marchés américains à 15h30. Seul l'indice japonais Nikkei225 est toujours porté par l'optimisme des intervenants de marché ce matin. Il clôture en hausse de 0,70% et retrouve des niveaux atteints lors de la bulle spéculative de la fin des années 1980.

Feu vert à la Commission européenne

Après avoir trouvé un accord la semaine dernière sur la conditionnalité de la distribution des aides européennes au respect de l’état de droit, la commission européenne s'est accordée sur le budget pluriannuel 2021-2027. C'est une étape cruciale dans la mise en place du plan de relance européen de 1800 milliards d'euros. Les eurodéputé ont réussi à décrocher des concessions sur 16 milliards d'euros de ressources supplémentaires alloués à des programmes phares comme la santé et l'éducation. Les eurodéputés ont aussi gagné une bataille majeure sur la question des ressources propres: la création de prélèvements européens vont permettre de rembourser les emprunts communs. En plus de la taxe sur les plastiques non recyclés qui devrait entrer en vigueur en janvier 2021, d'autres impôts viendront alimenter les caisses de la Commissions à partir de 2023 comme une taxe sur les géants du numérique, un système d'échange de quotas d'émissions de CO2 élargi aux transports maritime et aérien, ainsi qu'une taxation des importations dans l'UE de biens en provenance de pays aux standards environnementaux moins élevés. Une Union européenne dotée de ressources propres serait une nouvelle avancée majeure dans la construction européenne, dépendante jusqu’à maintenant des contributions des états membres. L'accord devra désormais être ratifié par le Parlement pour devenir officiel. En ce qui concerne les modalités de ces nouvelles taxes qui doivent encore être définies, elles devront être approuvées à l'unanimité par les chefs d'état et les parlements nationaux de chaque état. Alors que ce plan de relance pourrait soutenir la reprise de l'économie européenne à partir de 2021 jusqu'en 2023, la président de la BCE Christine Lagarde confirmait hier que la banque centrale allait très certainement étendre son programme de rachat d'actifs et de prêts à bas taux pour les banques (programme TLTRO) en décembre prochain. Elle explique que les conditions de financement resteront exceptionnellement favorables jusqu'à ce que l'économie retrouve ses niveaux d'avant crise. En parallèle de cette décision, largement attendue, l'euro marque le pas face aux devises refuges depuis le début de la semaine. Alors que la paire EUR/USD perd aujourd'hui -0,10%, elle accuse une baisse de près de -1% depuis le début de la semaine. On observe un mouvement similaire sur la paire EUR/JPY. Face aux deux devises refuges, il faut noter que l'euro avait touché sur ce début de semaine des niveaux de résistance importants (1,19 $ et 125 ¥), d’où ce mouvement correctif.

Brexit: nouveau report de la date butoir des négociations, nouvelles peurs pour la livre ?

 Alors que la pression s'accentue sur les épaules des responsables britanniques et européens à l’approche de la fin de la période de transition programmée au 31 décembre à minuit, les négociations à Londres patinent toujours. D'après des sources proches du dossier, la date butoir du 15 novembre sera de nouveau reportée à la semaine prochaine et se déplaceront cette fois du côté de Bruxelles. La prolongation de cette date limite posera le problème de laisser suffisamment de temps à l'Union européenne et aux états membres pour ratifier un futur accord avant la fin d’année. Une nouvelle échéance aurait été avancée: le 19 novembre. Les déclarations optimistes se multiplient avec toutefois plus de retenue de la part de Boris Johnson et Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. La livre corrige aujourd'hui face à l'euro de -0,20% alors que le début de la semaine a été très positif pour la livre. La paire EUR/GBP a en effet glissé depuis plusieurs jours sous le niveau support des 0,90 £. La zone support des 0,89£-0,885£ fait désormais barrage à une baisse plus importante de l'euro face à la livre. La tendance baissière de la paire EUR/GBP observée depuis le mois de septembre montre que les intervenants de marché anticipent très largement un futur accord commercial entre le Royaume Uni et l'Union européenne d’où un risque de rebond correctif si les choses ne se déroulent finalement pas comme prévu.

Décision monétaire néo-zélandaise

Orienté à la hausse depuis le mois d'octobre, le dollar néo-zélandais a reçu hier un soutien inattendu de la part des banquiers centraux néo-zélandais. La banque centrale néo-zélandaise a laissé son taux directeur inchangé à 0,25% et surtout écarté l'idée de recourir à des taux négatifs à court terme. Cette option avait été un temps étudié par la banque, ce qui avait engendré d’importants mouvements baissiers sur le kiwi dollar. Cette dernière préfère pour le moment soutenir l'économie à travers un nouveau programme de financement permettant d'abaisser les coûts de financement pour les banques et ainsi réduire les taux d'intérêt des prêts commerciaux. Cette décision a accentué la baisse de la paire EUR/NZD qui a chuté hier de -1,1% et cassé au passage un support majeur situé à 1,72 NZ$ qui maintenait à flot le taux depuis 9 mois. L'environnement de global de marché soutien lui aussi la devise néo-zélandaise: l'optimisme des intervenants de marché les poussent vers des devises cycliques qui ont un profil rendement/risque plus attractif et des perspectives d'appréciation importantes. Pour finir, la bonne gestion de la situation sanitaire en Nouvelle-Zélande où la pandémie semble avoir été vaincue est un dernier facteur de soutien au dollar néo-zélandais.

L'or noir sous pression: facteur de risque pour les pétrodevises 

 La seconde vague de coronavirus frappe durement le monde et a poussé certains pays à mettre en place de nouvelles mesures de confinements. Lors de sa réunion mercredi, l'OPEP a révisé à la baisse les perspectives de demande pour l'or noir pour 2020 mais aussi pour l’année prochaine. Selon le cartel pétrolier, la recrudescence de la pandémie dans le monde et les nouvelles restrictions qui l’accompagnent devraient amputer la demande en 2021 de 300 000 barils par jour. Alors que les pays producteurs de pétrole s'étaient déjà accordés sur une baisse historique de leur production afin de soutenir le prix du baril, de nouvelles coupes pourraient être annoncées prochainement. Un prix de l'or noir pourrait mettre sous pression certaines devises très sensibles à ses évolutions. On pense ici à la couronne norvégienne, le dollar canadien, le peso mexicain ou le rouble russe. L'annonce de la découverte d'un vaccin a permis au prix de l'or noir américain (contrat WTI) de remonter au-dessus du niveau clé des 40$, soutenant un peu plus la demande pour ces pétrodevises. Le dollar est lui aussi sensible au prix du pétrole du fait de son utilisation dans la majorité des transactions de pétrole et car les Etats Unis sont toujours les premiers producteurs d'or noir. Une faiblesse du prix du baril de pétrole pourrait accentuer des pressions baissières sur le billet vert. Ce matin, la majorité des pétrodevises baisse face à l'euro. On peut penser à une correction technique au regard de leur très bonne performance depuis des semaines.

Fête des célibataires: la consommation chinoise se porte bien

Nouveau record pour Alibaba, géant du e-commerce chinois, qui annonçait hier des ventes de presque 64 milliards d'euros à l'occasion de la fête des célibataires, équivalent du "black friday" américain. L'entreprise a enregistré le nombre record de 583000 commandes par seconde à l'occasion de cet évènement. Cette dynamique est un bon indicateur de la consommation chinoise. À première vue cette dernière se porte mieux que jamais et pourrait ainsi appuyer une reprise économique déjà très vigoureuse. Berceau de la pandémie, la Chine devrait être la seule économie du G20 à enregistrer une croissance positive cette année. Cette résilience et cette surperformance porte ainsi depuis des mois la devise chinoise. Le yuan gagne environ 7% depuis la fin juillet face à l'euro. Les chiffres records de vente enregistrés lors de la Fête des célibataires n'ont cependant pas soutenu le yuan hier. On observe en effet depuis 9 séance une pause dans la tendance haussière du yuan face à l'euro. La résistance des 7,80 ¥ pourraient encore freiner la progression de la devise chinoise. Ce matin la paire EUR/CNY est à l'équilibre.

Publications statistiques

Mardi dernier, l'indice ZEW de sentiment des investisseurs allemands est ressorti en forte baisse par rapport au mois dernier. Après avoir atteint un plus haut de 20 ans en septembre dernier, les investisseurs/analystes sondés perdent confiance dans les perspectives de l'économie allemande. Malgré la bonne nouvelle d'un futur vaccin au coronavirus, le deuxième confinement allemand pourrait faire de nouveaux dommages économiques importants. Ce matin , l'inflation allemande est ressortie sans surprise en baisse par rapport au mois et à l'année dernière. Cela confirme une épisode de déflation en Europe, pas forcément positif pour les perspectives économiques. L'économie britannique a quant à elle connue une expansion record de 15,5% durant le troisième trimestre, récupérant une partie de la récession de 19,8% au second trimestre. Tout comme l'Union européenne, la mise en place du nouveau confinement au Royaume Uni menace toutefois la croissance du quatrième trimestre.  Les marchés seront attentifs aujourd'hui à la publication de la production industrielle européenne à 11h, et les statistiques de chômage et d'inflation aux Etats Unis à 14h30