Actualités du marché des devises
Retrouvez les dernières informations sur le marché des devises telles que EUR/USD, EUR/GBP, USD/JPY, GBP/USD.
Partager
nov. 02, 2020 | Analyse du marché des devises
Thèmes globaux
Le calme avant la tempête ? Les marchés attendent les élections US et les banques centrales
- En cette veille d'élection américaine, c'est un début de semaine assez calme auquel on assiste sur les marchés des changes. Un vent d'incertitude continue de planer au-dessus des actifs européens en raison des récentes annonces de reconfinement opéré dans la région. L'euro limite les pertes ce matin mais ne montre aucun signe de rebond face à ses principaux pairs comme le dollar et le yen, cela malgré des bourses européennes dans le vert. La livre sterling est également pénalisé par l'aspect sanitaire après les annonces ce weekend d'un nouveau reconfinement à partir de jeudi en Angleterre. Les pertes restent néanmoins modestes en raison des informations optimistes concernant un possible compromis trouvé entre britanniques et européens sur la question de la pêche. Le pétrole continue de chuter lourdement et touche ce matin un nouveau creux de 5 mois, ce qui ne laisse pas insensible le rouble qui s'effondre à un nouveau creux annuel et son second plus bas niveau de son histoire face à l'euro à plus de 94,0 RUB.
- Agenda du jour : PMI manufacturier en pagaille - En matière de publications économiques, la journée de lundi sera dominée par les enquêtes d'activité PMI du secteur manufacturier publiées aux quatre coins du monde. On observe une bonne surprise en provenance d'Europe où les estimations finales indiquent une activité finalement plus soutenue que prévu de ce pan de l'économie en Allemagne et en France. Il confirme ainsi son rôle de moteur de l'économie face à un secteur des services où la performance est très hétérogène et globalement dégradée en raison des restrictions mises en place. On suivra avec attention cette après-midi les résultats de l'enquêtes ISM du secteur manufacturier qui seront publiés à 16h00.
- Elections américaines : Un scrutin joué d'avance ? Pas si sûr (USD) - Qui de Donald Trump ou de Joe Biden sera le prochain président des Etats-Unis ? Si l'on se fie aux sondages qui donne depuis des semaines le candidat démocrate gagnant avec une très large avance sur son opposant (7,2 pts d'après la dernière estimations l'indice du site RealClear Politics), ce scrutin semble déjà joué d'avance. Si depuis le Brexit et l'élection américaine de 2016, on est désormais plus prudent à la lecture des sondages, il semblera néanmoins très compliqué cette fois-ci pour le président sortant de rééditer le même exploit que quatre auparavant. À l'époque, l'écart entre Donald Trump et Hillary Clinton (~2pts) n'était pas aussi important qu'il ne l'est actuellement entre les deux prétendants, tout comme d'ailleurs le nombre de personnes qui se disent indécis. Il s'agit là de deux éléments qui limitent le risque de surprise. Alors ce scrutin est-il joué d'avance ? Si l'incertitude sur le poste de président apparaît réduite, elle est au contraire très importante concernant la couleur du futur Congrès. Et tout particulièrement le Sénat que les Républicains pourraient finalement conserver de peu. Un possible Congrès divisé en deux, c'est le scénario qui inquiète les marchés. Au regard de l'incapacité des deux principaux partis politiques du pays à s'entendre ces dernières semaines sur un nouveau plan de relance, les investisseurs craignent qu'un Parlement fragmenté freine le déploiement rapide de nouvelles mesures de soutien dont le pays a besoin pour se relever. Par ailleurs, un Congrès coupé en deux c'est aussi de l'incertitude quant à la politique de réformes menée par la Maison Blanche sachant que tout projet de loi peut être bloqué s'il n'obtient pas la majorité au sein des chambres parlementaires. L'autre point d'incertitude n'est pas tant le résultat final que la réaction des candidats aux premières estimations de résultat qui seront communiquées dès le mercredi 4 novembre. Donald Trump a déjà prévenu qu'en cas de défaite il contesterait le résultat, le recours en masse cette année au vote par courrier ayant selon lui renforcé le risque de fraudes. Plus l'écart entre les deux candidats sera faible, en particulier au sein des Etats dits indécis (swing states) et plus le président actuel se trouvera en position de force pour lancer une action en justice pour dénoncer les résultats. On a eu un épisode similaire en 2000 lorsque le candidat démocrate Al Gore avait réclamé le recompte des voix en Floride après un premier résultat indiquant la perte de cet Etat clé pour environ 500 voix sur son opposant de l'époque et futur président américain George W. Bush. Les marchés et les actifs américains avaient peu apprécié à l'époque l'instabilité politique autour de l'issue du scrutin. La bourse américaine avait alors chuté de -12% en l'espace de 2 mois et le dollar américain s'était déprécié de -8% face à un panier de devises en un peu plus d'un mois. Il faudra donc être sur ses gardes car contrairement aux apparences ce scrutin pourrait donner lieu à beaucoup d'agitations. Autant qu'en 2016 où on avait vu l'EUR/USD osciller dans un couloir de 3,5% (1,09-1,13 $) le lendemain des élections américaines ? Qui sait.
- Banques centrales : Quelles actions des banquiers centraux face à la pandémie ? (AUD, GBP, USD) - Alors que l'on fait actuellement face à une seconde vague de contamination en Europe mais aussi des niveaux records de cas aux Etats-Unis (près de 100k vendredi 30 octobre), les regards se tournent à nouveau vers les banques centrales qui nous ont habitué ces 10 dernières années à jouer le rôle de pompier de l'économie mondiale. La semaine dernière la Banque Centrale Européenne a donné rendez-vous aux marchés en décembre pour une probable nouvelle action qui pourrait prendre la forme d'une hausse des rachats d'actifs et de possibles programmes TLTRO de prêts avantageux aux banques d'après les anticipations du moment. Cette semaine, les marchés anticipent une nouvelle baisse de taux en Australie (réunion mardi matin) - la 5ième en 18 mois - de 15pbs, enfonçant ainsi les taux directeurs à un nouveau plus bas historique de 0,10%. La décision est déjà intégrée par les marchés et avait valu au dollar australien un repli de près de -3% face à l'euro mi-octobre. Des pressions baissières sur la devise pourraient néanmoins ressurgir si les banquiers centraux ne ferment pas la porte après cette action à l'éventualité d'abaisser les taux en territoire négatif si les conditions le nécessitent. Au Royaume-Uni, on anticipe également une action de la part de la Banque d'Angleterre (réunion jeudi après-midi), laquelle pourrait prendre la forme d'une hausse du plafond de rachat d'actifs de 745 à 845 Mds£ d'après le consensus de marché. Cette intervention apparaît inévitable sachant que l'Angleterre vient d'annoncer ce weekend la mise en place officielle à partir de jeudi et jusqu'à début décembre d'un nouveau confinement. Cette perspective couplée à la haute incertitude qui entoure toujours le volet du Brexit devrait à priori accentuer les dommages sur l'économie britannique et conduire cette année à la pire contraction subie par le pays en près de 300 ans (nouvelles projections de la Banque d'Angleterre à observer ce jeudi). Comme en Australie, l'aspect des taux négatifs que la BoE a elle-même évoquée pour la première fois cette année sera un sujet auquel les acheteurs de livre sterling seront sensibles. Aux Etats-Unis, on n'attend pas ce mois-ci de nouvelles actions de la part de la réserve fédérale américaine (réunion jeudi soir). Néanmoins, comme son homologue européenne, la banque centrale pourrait se saisir du contexte conjoncturel actuel pour ouvrir la porte à de nouvelles mesures de soutien. La vigueur de la pandémie sur le territoire américain, l'absence depuis des mois de nouvelles mesures de relance au niveau fédéral ou encore la possible agitation provoquée par l'élection américaine pourraient convaincre les autorités monétaires américaines d'agir, ou au moins communiquer sur de probables interventions à venir le mois prochain à l'occasion de la publication des nouvelles projections économiques de la banque.
- Pandémie : L'Europe se reconfine, la confiance en l'euro se fracture (EUR, JPY, CHF) - L'Allemagne, la France, l'Angleterre, les Pays-Bas, la Belgique et probablement bientôt l'Italie (ville de Milan et Naples citées) et l'Espagne, c'est le cœur économique de l'Europe qui a fait le choix, sanitairement nécessaire mais économiquement douloureux, de se reconfiner pour au moins un mois. Résultat, l'inquiétude des marchés ressurgit quant à la possibilité d'observer de nouveaux dommages économiques importants en Europe et la bonne dynamique de reprise observée au T3 (rebonds records) brisée. Si les dégâts ne devraient à priori pas être aussi importants qu'au second trimestre - période où par exemple en France l'activité avait chuté à son pic de -35% - on se dirige néanmoins vers une nouvelle contraction des principales économies européennes au T4 mais aussi une hausse à nouveau importante des niveaux d'endettement des Etats européens qui atteindront à la fin de l'année des niveaux records (presque 120% du PIB pour le cas de la France ou encore environ 160% en Italie). Une économie qui déraille, des finances qui se dégradent, et par conséquent une confiance à l'égard des actifs européens qui se dégradent du côté des investisseurs. Alors que l'on avait loué ces dernières semaines la bonne résilience de l'euro face aux devises refuges malgré les signaux d'essoufflement de l'économie européenne, le reconfinement européen semble avoir été la goutte de trop. L'euro a subi la semaine dernière sa pire semaine depuis 6 mois face au dollar (-1,8%), depuis plus de 4 mois face au yen (-1,9%) et depuis 7 semaines face au franc suisse (-0,4%). La devise oscille désormais sur ses plus bas niveaux depuis 3 mois face à ses trois devises à respectivement 1,1650 $, 122 ¥ et 1,0680 ₣. Stable ce matin, la devise européenne ne montre aucun signe rassurant de rebond, preuve qu'un changement de sentiment est peut-être en passe de s'opérer.
Recevez les dernières actualités sur le marché des devises
Publié cinq fois par semaine, ce bulletin d'information présente au quotidien des tendances et des activités qui touchent le marché sous forme d'actualités faciles à comprendre.