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avr. 09, 2020 | Analyse du marché des devises
Thèmes globaux
Surveillance étroite de l'euro et du pétrole : les européens tentent de gommer leurs divergences face au coronavirus, l'OPEP se réunit
- Il y a un sentiment d'optimisme qui perce sur les marchés autour d'une possibilité que l'on approche dans les prochains jours d'un pic de contamination en Europe et aux Etats-Unis. Plusieurs pays européens ont ciblé Pâques (12 avril) comme marqueur d'un possible pic de la pandémie et commencent à plancher sur des plans de déconfinement. C'est le cas de l'Autriche et du Danemark qui prévoient d'alléger les mesures de confinement dès la seconde moitié du mois d'avril. C'est également le cas de l'Italie, pays européen le plus touché par le coronavirus, dont le gouvernement réfléchirait sérieusement, d'après plusieurs journaux locaux, à l'après-crise pour venir en aide à une économie très fortement impactée par la pandémie. Ce regain de confiance des investisseurs reste néanmoins très fragile d'autant plus que plusieurs signaux contradictoires laissent à penser que ce pic tant attendu n'est pas encore proche. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Belgique ont connu mercredi leur journée la plus meurtrière en termes de décès du Covid19 et dans le monde le nombre de cas confirmés du coronavirus a franchi la barre des 1,5 Mln environ une semaine après avoir dépassé celle du million. La déception causée par l'échec des négociations entre européens sur un plan de relance est restée relativement modeste sachant que les discussions doivent se poursuivre ce jeudi et qu'un accord reste toujours envisageable. Les prix du pétrole ont très largement rebondi mercredi (+3% pour le Brent & +6% pour le WTI américain), participant ainsi au regain de confiance des acteurs de marché, après que le ministre de l'énergie algérien a indiqué que les discussions de l'OPEP ce jeudi tourneraient sur un plan de réduction de la production journalière de pétrole de 10 Mln de barils.
- Conséquence directe de cet élan d'optimisme, les devises liées aux matières premières et les devises émergentes ont fortement rebondi mercredi face à l'euro. Le dollar australien, que l'on avait vu sur la défensive en début de séance après la dégradation des perspectives sur la note de crédit de l'Australie par l'agence de notation Standard & Poor's, a finalement enregistré un rebond de +1,3% et atteint un pic de presque 4 semaines à A$1,74. Les devises pétrolières telles que la couronne norvégienne (+0,6% à NOK 11,13), le rouble russe (+1,0% à RUB 81,4) ou encore le peso mexicain (+1,4% à MXN 26,1) se sont bien comportées. Parmi les émergents, le rand sud-africain a fait un bond de 1% (ZAR 19,7) et le réal brésilien de plus de 2% (BRL 5,56), les deux devises s'écartant de leur plus bas historique touché en début de semaine.
- Après avoir fait initialement craindre une lourde chute en direction du seuil de $1,08, la paire EUR/USD a limité les pertes et trouvé un support à hauteur de $1,0850. Le choc crée par l'annonce d'un échec des négociations européennes sur un plan de relance contre le coronavirus après plus de 15 heures de débats a finalement été atténué par les déclarations de plusieurs responsables européens laissant présager qu'un accord commun est toujours envisageable. Les ministres des finances des membres de la Zone Euro se sont d'ores et déjà mis d'accord sur une augmentation de la capacité de prêt de la Banque d'Investissement Européenne de 200 Mds€ sous forme de garantie d'Etat et sur un fond de 100 Mds€ destiné à financer les mesures d'aide à l'emploi. Un accord a également été trouvé sur l'ouverture de lignes de crédit à hauteur de 2% du PIB de la région, soit 240 Mds€, auprès du fond du Mécanisme Européen de Stabilité (MES), d'importantes divergences demeurent sur les conditions de ces prêts. L'Italie souhaiterait un prêt sans condition ou bien avec des conditions génériques partagées par tous les membres ce à quoi s'opposent les Pays-Bas qui militent pour la mise en place de conditions d'emprunt spécifiques à chaque pays et d'un plan de remboursement de la dette. La question descorona bondset d'une mutualisation éventuelle de la dette des pays européens fait aussi l'objet de débat et est considérée comme une "ligne rouge" à ne pas franchir pour plusieurs nations du Nord de l'Europe (Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Finlande). On a pu voir hier un début de tentative d'arbitrage et de compromis de la part du couple franco-allemand dont les positions au départ (et possiblement encore aujourd'hui) étaient relativement opposées, ce qui laisse planer l'espoir qu'une entente est possible. Il reste à savoir si ces efforts de conciliation ne seront pas vains et si l'Europe face à une crise sanitaire sans précédent est capable d'accorder ses multiples cordes et de parler d'une seule et même voix. Un nouvel échec ce jeudi des discussions entre européens enverrait un mauvais signal aux marchés et déclencherait une nouvelle vague de défiance à l'égard de l'euro.
- Si les marchés gardent un œil sur Bruxelles, ils surveilleront aussi attentivement les conclusions de la réunion d'urgence de l'OPEP et ses alliés dont on attend des mesures de réduction de la production de pétrole pour stimuler des prix tombés en mars à des plus bas depuis 2002. L'attention des marchés ce jeudi se penchera également sur les nouvelles statistiques hebdomadaires d'inscriptions à pôle emploi aux Etats-Unis (14h30). En l'espace de deux semaines, la crise du coronavirus a déjà fait perdre leur emploi à 10 Mln d'américains. Le consensus économique table sur une hausse de 5,3 Mln de nouvelles inscriptions cette semaine, ce qui viendrait confirmer les théories d'explosion du chômage aux Etats-Unis au second trimestre et par conséquent d'une fort probable baisse de la consommation domestique, un des principaux moteurs de la croissance dans le pays. Cela aura-t-il un impact sur le dollar ? Difficile à dire tant la volatilité de la devise américaine est restée jusqu'à présent déconnectée de la situation macroéconomique des Etats-Unis.
- Au Royaume-Uni, on se rassure de la stabilité de l'état de santé du premier ministre Boris Johnson qui reste pour le moment toujours en soin intensif pour soigner le virus. La paire EUR/GBP a vivement corrigé mercredi (-0,75%) et est venue titiller le seuil de £0,8750 sous l'effet principalement d'un mouvement baissier de l'euro. Il est néanmoins difficile d'identifier la trajectoire de la paire de change tant celle-ci est indécise depuis le début de la semaine. Si la faible valorisation de la livre sterling combinée aux pressions baissières sur l'euro favorise un repli de la paire EUR/GBP, la devise britannique pâtit également d'importantes incertitudes concernant la situation sanitaire au Royaume-Uni et ses impacts économiques. Le gouvernement britannique planche sur une extension de la période de confinement de plusieurs semaines (pas de détails pour l'heure) alors que le bilan humain de la pandémie s'est vivement dégradé ces derniers jours dans le pays qui compte à ce jour plus de 60 000 cas confirmés et plus de 7 000 victimes du Covid19. On observera ce matin la publication en milieu de matinée (10h30) d'une large vague de statistiques économiques dont ceux du PIB en février mais aussi de la production industrielle et de la balance commerciale. Si ces données portent sur une période antérieure à l'arrivée du coronavirus au Royaume-Uni, ils permettront tout de même de jauger l'état de santé dans lequel se trouvait le pays avant le début de cette crise.
À noter également le petit rebond hier de la paire EUR/PLN à presque PLN 4,55 en réaction à la baisse de taux de 50pbs à 0,5% non anticipée par les marchés de la part de la banque centrale polonaise. Le mouvement haussier fut néanmoins très furtif et la paire de change a retracé à PLN 4,53 sous l'effet d'un euro affaibli.
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