Actualités du marché des devises

Retrouvez les dernières informations sur le marché des devises telles que EUR/USD, EUR/GBP, USD/JPY, GBP/USD.

déc. 20, 2017 | Analyse du marché des devises

Thèmes globaux

Points clés (séance asiatique/ouverture de la séance européenne) :

  • Une poussée des taux obligataires européens (voir Focus #1 de la veille) soutient une revalorisation de l’euro. Niveaux des cours EUR/CHF (₣1,1680) et EUR/JPY (¥134) attractifs à la veille du scrutin régional catalan (voir Focus sur les paires du jour).
  • Les pressions baissières sur la livre sterling sont freinées par la présence d’un seuil technique majeur à £0,8850 (voir Focus #2 de la veille). La paire pourrait connaître de fortes turbulences ce mercredi alors que le parlement européen doit définir ses conditions en marge des discussions sur la future relation commerciale avec le Royaume-Uni et le parlement britannique doit voter aujourd’hui le projet de loi de retrait de l’UE (voir Focus #1 du jour).
  • Le Sénat américain a approuvé ce matin la réforme fiscale mais y a apporté de légères modifications. Nouveau vote attendu aujourd’hui à la Chambre des représentants. Le dollar reste de marbre face à cette perspective (voir Focus #2 de la veille).
  • La banque centrale suédoise maintient ses taux directeurs et son agenda monétaire inchangés. Une première hausse de taux est attendue d’ici la moitié de l’année 2018 (voir Focus #2 du jour). La couronne s’apprécie de 0,5% ce matin et oscille autour du seuil de SEK 9,90.
  • La Chine révèle sa ligne de conduite pour 2018 et elle n’entend pas troquer sa croissance contre une réduction de sa dette (voir Focus #3 du jour). Le yuan se renforce ce matin de 0,4% face au dollar US et à l’euro. Le cours EUR/CNH retombe sous le niveau de ¥7,80.

 Les trois faits marquants de la séance de mardi 19 décembre 2017: #1 L’euro soutenu par une hausse des rendements obligataires européens , #2 Réforme fiscale US : un contretemps de dernières minutes très certainement sans conséquence, et #3 Theresa May souhaite construire une relation « inédite » avec l’UE

#1 – Zone Euro (EUR) :  La séance de mardi a été marquée par un mouvement significatif de renforcement de l’euro face à quasiment l’ensemble de ses pairs, une revalorisation soutenue par une hausse des rendements obligataires européens suite à la publication d’un rapport soulignant que plusieurs banquiers centraux européens débattaient actuellement de la meilleure façon d’accompagner le redressement de la croissance en Zone Euro, non plus à travers une politique de rachats massifs d’actifs mais à travers une politique de taux. Le fait que les discussions monétaires commencent graduellement à se concentrer sur les taux d’intérêt semble confirmer que malgré le maintien de la rhétorique de la BCE, encore en décembre, autour d’une possible extension/augmentation du programme quantitatif,  celui-ci arrive en fin de vie et vit très vraisemblablement ses dernières heures. Sauf renouvellement du à un contexte économique défavorable, ce programme pourrait arriver à son terme en septembre 2018. Le taux souverains 10 ans allemand a progressé mardi de 6,7pbs à 0,375% (plus forte hausse en séance depuis 3 mois) tandis que le taux souverains 10 ans français a bondi de 7,3pbs à 0,71% (plus forte hausse en séance depuis 2 mois), les rendements de ces deux actifs atteignant ainsi leur pic du mois. Si ils n’ont pas eu d’impact sur la dynamique de l’euro, on notera cependant le léger recul de l’indice de confiance des entreprises allemandes (Indice Ifo ressorti à 117,2 vs cons. 117,5 et 117,6 en novembre) résultant d’une frustration relative aux échecs pour le moment des négociation pour former nouvelle coalition gouvernementale, et le recul de la dynamique annuelle de croissance des salaires en Zone Euro qui recule significativement au 3ième trimestre de 2,1% A/A à 1,6%.

#2 – Etats Unis (USD) :   La Chambre des représentants a approuvé hier soir le projet de réforme fiscale à 227 voix contre 203, envoyant de ce fait le texte au Sénat pour une lecture finale. Ce n’est qu’au petit matin de la journée de mercredi que le Sénat a voté le texte, à 51 voix contre 48, non sans y apporter de légères retouches, supprimant au passage deux provisions mineures dont il fut jugé qu’elles étaient externes à la législation fiscale. Selon le mode de fonctionnement législatif américain, ces ajustements obligent les représentants américains à voter une nouvelle fois le texte. Si l’on s’appuie sur le résultat d’hier soir, ce contretemps de dernière minute ne devrait pas avoir de réels impacts et le projet de loi pourrait être envoyé dès mercredi sur le bureau de Donald Trump pour que celui-ci y appose sa signature et officialise l’adoption de ce projet de loi, clef de voute de son programme électorale et qui demeure la réforme de la fiscalité la plus importante depuis celle opérée par R. Reagan en 1986. Après 6 semaines de débats âpres, d’aller-retour entre les deux chambres parlementaires, de réécriture du texte et de négociations internes au sein du parti républicain, Donald Trump apparaît en passe d’obtenir le premier succès majeur de son mandat. Un succès symbolique qui ne déchaine pas les foules, si l’on en croit la faible popularité de cette réforme dans les différents sondages d’opinion, qui laisse de nombreux observateurs sceptiques (craintes de hausse des disparités et inégalités dans le pays) et qui laisse le dollar de marbre. Lassitude du sujet, enthousiasme plus nuancé ou craintes réelles, quoi qu’il en soit la devise américaine ne semble pas (ou plus) stimulé à l’idée de voir la réforme fiscale très prochainement adoptée.  

#3 – Royaume-Uni (GBP) :   Theresa May et les membres de son gouvernement s’était donnés rendez-vous hier pour discuter de la future relation commerciale qu’ils souhaitent bâtir avec l’Union Européenne une fois le Royaume-Uni sorti de l’union douanière et du marché commun européen le 29 mars 2019 prochain. D’après les informations qui ont filtré de cette réunion ; pour le moment uniquement celles dévoilées par le porte-parole du gouvernement ; la 1ière ministre et son cabinet souhaitent mettre en place les meilleurs conditions commerciales possibles pour le pays, lesquelles passeront par un accord plus ambitieux que le CETA (accord de libre-échange UE/Canada) et différent de celui qui régit l’Espace Economique Européen (UE + Norvège, Islande  et Liechtenstein). Bien que très sommaire, cette communication étonne quelque peu. Malgré la contrainte de temps à laquelle le Royaume-Uni doit faire face, celui-ci entend négocier un accord « inédit », c’est-à-dire ne s’appuyant sur aucun modèle préexistant, un choix qui peut paraître très (trop !) ambitieux. Le rejet du modèle du CETA par le gouvernement britannique, modèle sur lequel souhaitait s’appuyer les responsables européens, vient à nouveau mettre en avant les divergences de positions entre les deux camps. Enfin, le dernier point de questionnement demeure celui de la période de transition, une velléité maintes fois évoquée par Theresa May dans le passé et que l’on ne retrouve pas dans les propos du porte-parole du gouvernement. S’il est trop prématuré pour tirer la moindre conclusion alors que la seconde phase des négociations vient tout juste d’être lancé, force est de reconnaître que dans un contexte actuel de forte incertitude à l’égard du Brexit et ses impacts sur l’économie britannique, la première sortie du gouvernement britannique n’est pas en mesure de rassurer des investisseurs à l’opinion plutôt pessimiste. Sous l’impulsion d’une rebond de l’euro, et compte tenu l’absence de leviers haussiers sur la livre sterling, le cours EUR/GBP a enregistré un rebond de plus de 0,4% lors de la séance de mardi et atteint au passage son plus haut niveau depuis 2 semaines à £0,8865. La paire de change a ainsi tenter de casser la résistance qui s’est formée au niveau du seuil de £0,8850, mais en vain. Le cours de change a finalement clôturé la séance aux portes de ce niveau clé, à £0,8843.

Les trois évènements clés à suivre de la séance de mercredi 20 décembre 2017 – #1 Le parlement européen livre ses conditions tandis que le parlement britannique vote la loi de retrait de l’UE, #2 Statu quo monétaire et agenda monétaire inchangé en Suède & #3 La Chine n’entend pas troquer sa croissance contre une réduction de sa dette

GBP

Ce mercredi pourrait être témoin d’un regain de volatilité autour de la livre sterling alors que deux évènements majeurs, tous deux liés au Brexit, sont attendus aujourd’hui. Tout d’abord, après Londres hier, c’est aujourd’hui au tour de Bruxelles de poser les conditions et définir le cadre sous lesquel il compte discuter avec le camp britannique de la future relation commerciale entre l’UE et le Royaume-Uni, et de l’éventuelle mise en place d’une période de transition post-Brexit. Si les responsables européens ne sont pas fermés à l’idée de laisser le Royaume-Uni conserver de manière temporaire les avantages dont disposent les membres du marché commun européen et de l’union douanière, des différends pourraient exister sur les modalités de ce processus. Alors que les britanniques semblent privilégier l’option d’une période de transition de 2 ans, un conseiller du négociateur en chef européen, Michel Barnier, a évoqué lundi l’idée que cette période pourrait ne pas s’étendre au-delà de 2020. L’autre différent qui ressort repose sur le souhait de Londres de conserver sa souveraineté en matière de réglementation durant cette période, tandis que les européens souhaitent que le Royaume-Uni reste sous la législation commerciale européenne, l’empêchant de ce fait de signer de nouveaux accords de libre-échange avec d’autres pays. Les recommandations du parlement européen permettront d’avoir une première vue d’ensemble des orientations des deux partis avant l’ouverture des négociations commerciales attendues à la fin du mois de janvier. L’observation de fortes divergences viendrait raviver les craintes d’échec des négociations sur un accord commercial d’ici la fin mars 2019, et ainsi venir impacter à nouveau la valorisation de la livre sterling. La barrière de £0,8850 pourrait à nouveau être prise d’assaut par le cours EUR/GBP.

Un motif d’espoir demeure et pourrait contrebalancer ces potentielles pressions baissières sur la livre sterling. Le parlement britannique va ce mercredi voter le projet de loi de retrait de l’Union Européenne laquelle inclut l’officialisation de la date de sortie du pays au 29 mars 2019 à 23h00 (heure de Londres). Compte tenu de la fronde observée la semaine dernière au parlement, laquelle a vu le vote, contre la volonté du gouvernement, d’un amendement offrant aux députés britanniques un droit de relecture et de véto sur l’accord final conclu avec l’UE, il se pourrait que Theresa May et son cabinet subissent un nouveau revers ce mercredi. Certains parlementaires souhaiteraient en effet que la date de sortie puisse être repoussée si les négociations avec Bruxelles n’ont pas abouti à un accord d’ici mars 2019, un nouvel amendement, qui s’il était voté, viendrait limiter les risques de « sortie brutale » du Royaume-Uni. Ne disposant pas d’une majorité absolue à la Chambre des communes, Theresa May pourrait se voir poussée contre son gré à faire de nouvelles concessions. Dans cette perspective, un nouvel élan d’optimisme sur les marchés pourrait venir soutenir la livre sterling et renvoyer la paire EUR/GBP vers son support de £0,87.

SEK

Comme attendu, la banque centrale suédoise a maintenu ses taux directeurs inchangés à -0,50% ce mercredi. Si le programme quantitatif n’est pas prolongé en 2018, la banque précise qu’elle compte malgré tout continuer à racheter de la dette à travers une politique de réinvestissement des coupons et gains en provenance des actifs de son bilan qui arrivent à maturité. Malgré les bons fondamentaux économiques, et le retour récent de l’inflation vers l’objectif recherché de 2,0%, la banque considère que les conditions économiques restent similaires à celles observées en octobre ; date de la précédente réunion monétaire ; d’où le choix de maintenir son agenda monétaire inchangé. Une première hausse de taux dans le pays ne devrait donc pas être observée avant mi-2018. La banque préfère rester prudente et ne souhaite pas rehausser ses taux d’intérêt trop vite, sous peine de voir les récents progrès de l’inflation potentiellement disparaître. Après une bref rebond sous le niveau de SEK 9,86 face à l’euro – une première depuis 2 semaines – la couronne suédoise a rapidement effacé ses gains et le cours EUR/SEK semble se consolider autour du niveau de SEK 9,90. La rhétorique inchangée de la part des banquiers centraux suédois n’offrent aucun nouveau motif d’achat de la devise suédoise.

CNY

Le Wall Street Journal a révélé dans son édition de mardi que la Chine n’entendait pas en 2018 mettre en péril sa croissance économique pour réduire son endettement massif, s’opposant de ce fait aux recommandations de nombreuses organismes internationaux, dont le FMI, qui ont récemment pointé du doigt les risques financiers et économiques sous-jacents au maintien d’un niveau d’endettement à un niveau extrêmement dangereux (236% du PIB en 2016 d’après les chiffres du FMI). Les propos des responsables politiques chinois relayés ce matin confortent cette idée que la Chine n’a pas l’intention de traiter ce problème de manière agressive, mais à l’inverse de limiter son accroissement. Si ce choix pourrait avoir des lourdes répercussions à moyen/long terme, le choix de Pékin de soutenir un niveau de croissance important pourrait limiter les pressions baissières sur le yuan, lequel apparaît assez stable depuis 3 mois (bande de fluctuation de ¥6,55-6,70 observée depuis septembre face au dollar américain). Face aux révélations du journal financier américain, on observe ce matin un fort rebond du yuan face au dollar et à l’euro (+0,4%). Après une réapparition la veille au-dessus du niveau de ¥7,80, sous l’impulsion d’un renforcement de l’euro (voir Focus #1 de la veille), le cours EUR/CNH rechute ce matin sous ce seuil.


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