Actualités du marché des devises
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déc. 04, 2017 | Analyse du marché des devises
Thèmes globaux
Points clés (séance asiatique/ouverture de la séance européenne) :
- Après la forte correction provoquée par les révélations vendredi après-midi de l’ex-conseiller de D. Trump dans le cadre de l’enquête sur la Russie (voir Focus #1 de vendredi), les deux paires EUR/CHF (+0,4%) et EUR/JPY (+0,3%) reprennent des couleurs ce matin.
- L’EUR/USD corrige de 0,3% ce matin à $1,1850-60 après le vote final par le Sénat américain de sa version de la réforme fiscale (voir Focus #2 de vendredi). Pas d’euphorie cependant des marchés, les deux chambres parlementaires devant convenir d’un accord sur le contenu du texte final.
- L’EUR/GBP reste stable au-dessus de £0,88 ce matin (+0,0%), les investisseurs demeurant en position d’observation avant le déjeuner entre T. May et Jean-Claude Juncker (voir Focus #1 de la semaine).
- Le dollar canadien poursuit sa revalorisation ce lundi (+0,2% à C$ 1,5060) après un rebond de 1,7% provoqué vendredi suite à la chute du chômage sous le niveau de 6,0% pour la première fois depuis près de 10 ans (voir Focus #3 de vendredi). Décision monétaire de la Banque du Canada attendue ce mercredi (voir Focus #2 de la semaine).
- Forte correction technique des prix du pétrole (-0,9% à $57,8 pour le WTI et -0,6% à $63,4 pour le Brent) qui intervient après la décision conjointe de l’OPEP et de la Russie d’étendre de 9 mois sa politique de quota de production de pétrole.
Les trois faits marquants de la séance de vendredi 1er décembre 2017/ du week-end : #1 Nouveau rebondissement aux Etats Unis dans l’enquête russe…Inquiétude marquante des investisseurs sur les marchés des changes , #2 Le Sénat américain vote (dans la douleur) sa version de la réforme fiscale…Trop tôt cependant pour crier victoire , et #3 Confirmation d’un ralentissement de l’économie canadienne au second semestre mais les investisseurs se veulent optimistes
#1 – Valeurs refuges (CHF & JPY) : : L’ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, Michael Flynn, a reconnu ce vendredi avoir menti aux membres FBI dans le cadre de l’enquête menée sur une éventuelle ingérence de la Russie lors des dernières élections présidentielles américaines. Démis de ses fonctions en février dernier, cet ancien proche du président américain, qui avait à l’époque nié sa rencontre avec l’ambassadeur russe à Washington lors de la campagne électorale, se dit désormais prêt à collaborer avec les enquêteurs et pourrait même, selon le média ABC News, témoigner de l’implication du président américain dans cette affaire. Rumeurs ou faits réels ? Pour le moment aucune preuve ne permet de prouver l’éventuel lien direct de Donald Trump à cette affaire, néanmoins l’enquête russe menée par le procureur spécial Robert Mueller n’en a pas fini de livrer tous ces rebondissements. Ces révélations ont jeté un froid sur les marchés et semblent pour l’heure limiter les nouvelles prises de position à l’achat de dollar américain. À l’inverse, ces nouvelles révélations, qui refont surgir une zone d’ombre au-dessus de la Maison Blanche, couplées aux interrogations que suscite l’ultimatum européen concernant le Brexit (voir Focus #1 de la semaine), poussent des investisseurs nerveux à augmenter leurs expositions en franc suisse et yen japonais, deux devises considérées comme « refuge » lors de périodes d’aversion au risque. Le franc suisse fut particulièrement recherché vendredi par les investisseurs et s’est apprécié de 0,8% face à l’euro à ₣1,1611, l’amplitude du mouvement baissier de la paire EUR/CHF pouvant également s’expliquer par une correction technique après l’atteinte du niveau technique de ₣1,17 la veille. La revalorisation du yen japonais fut plus modeste, ce dernier s’appréciant vendredi de près de 0,4% face à l’euro, ce qui lui permet de clôturer la semaine juste sous le niveau technique de ¥134.
#2 – Etats Unis (USD) : Que ce fut dur ! Après une nouvelle longue journée de débats, les responsables républicains ajustant jusque dans les dernières minutes le texte afin de s’assurer le soutien des membres pointant du doigt le risque de hausse dangereuse des déficits, le Sénat a voté dans la nuit de vendredi à samedi, à 51 voix contre 49, sa version de la réforme du code fiscal américain. Après quasiment une année de présidence, jusqu’ici davantage marquée par les revers parlementaires et les enquêtes judiciaires sur la Russie, Donald Trump est désormais tout proche de concrétiser une des promesses phares de sa campagne électorale. Si cela semble en bonne voie, quelques obstacles néanmoins demeurent avant que le président américain puisse apposer sa signature et officialiser cette loi. Quelques différences notables émanent des textes votés par les deux chambres parlementaires, aussi l’exercice de réconciliation pourrait donner lieu à de nouveaux ajustements et à un projet de loi final moins audacieux que prévu. À la différence de leurs confrères de la Chambre des représentants, les sénateurs républicains entendent limiter le coût de cette réforme ; et ainsi apporter un élément de réponse à la question de la hausse du déficit national ; en retardant d’un an (en 2019) l’application de la réduction du taux d’imposition sur les sociétés de 35% à 20% et en appliquant des réductions temporaires ; courant jusqu’à fin 2026 ; de l’imposition sur le revenu des ménages. Disposant d’une majorité au sein des deux chambres parlementaires, il ne fait nul doute qu’un consensus sera très certainement trouvé dans les prochains jours au sein du camp républicain, reste cependant à savoir quels compromis seront trouvés. Une version moins expansionniste de ce projet de baisse d’impôts pourrait soulever quelques questionnements parmi les investisseurs quant à son apport et son réel effet stimulant sur l’économie américaine à court et moyen terme. Si les marchés restent prudents et ne veulent pas pour l’heure céder à l’euphorie générale, cette annonce reste néanmoins, sur la papier, positive pour le dollar américain. Celui-ci se renforce d’ailleurs ce lundi matin de plus de 0,3% face à l’euro, sous $1,1850.
Remarque ou mécanique des effets potentiels de la réforme fiscale sur les marchés des changes (USD) : La baisse importante du taux d’imposition sur les sociétés et les ménages est censée stimuler l’économie américaine, ce qui justifierait la poursuite par la réserve fédérale américaine de sa politique de hausse graduelle des taux directeurs. Par ailleurs, l’importante baisse du taux d’imposition sur les profits des entités étrangères de sociétés américaines pourrait pousser ces dernières à rapatrier leur argent aux Etats Unis, ce qui provoquerait une hausse mécanique importante de la devise américaine (rapatriement des bénéfices étrangers = vente de devises étrangères et achat de dollar US). Il s’agit là de la théorie, la réalité demeurant aujourd’hui encore très floue.
#3 – Canada (CAD) : L’économie canadienne a enregistré entre juillet et septembre sa plus faire performance depuis 5 trimestres, la croissance économique du pays progressant durant cette période de « seulement » +0,4% T/T contre 1,0% au seconde trimestre (chiffre révisé à la baisse, initialement ressorti à 1,1%). Ces statistiques viennent confirmer une tendance déjà plus ou moins observée dans les statistiques parues ces derniers mois et très largement commentée par les banquiers centraux canadiens, à savoir un ralentissement de l’économie au second semestre. Celui-ci est très certainement du à un ralentissement de l’activité commerciale lié au renforcement de la devise et aux premiers effets des deux resserrements monétaires opérés coup sur coup en juillet et septembre (taux directeurs relevés de 0,5% à 1,0% au T3 2017). On peut néanmoins se rassurer de la bonne santé de l’économie canadienne à travers les chiffres de l’emploi et le recul inattendu du taux de chômage qui chute au mois de novembre pour la 1ière fois depuis près de 10 ans sous le niveau de 6,0% (5,9% en novembre vs 6,3% en octobre). Si le ralentissement de la croissance au 3ième trimestre et les incertitudes autour du sort de l’ALENA devraient servir de prétexte aux responsables monétaires canadiens au maintien temporaire d’une certaine position d’observation, le renforcement graduel de l’économie et la réduction progressive des risques domestiques (fort endettement des ménages & prix hauts de l’immobilier) ; soulignée la semaine dernière par le gouverneur central Stephen Poloz ; suggèrent que la Banque du Canada pourrait envisager une nouvelle hausse de taux début 2018. C’est du moins aujourd’hui le sentiment partagé par le marché. Parmi la trentaine d’économistes sondés la semaine dernière par l’agence Reuters, environ un tiers table sur une nouvelle hausse de taux d’ici le mois d’avril 2018. La dernière réunion monétaire de l’année qui livrera ses conclusions mercredi après-midi pourraient nous offrir de premiers éléments de réponse quant aux intentions et à l’agenda monétaire de la banque centrale canadienne en 2018.
Après avoir chuté à son plus bas niveau depuis plus de 21 mois face à l’euro en fin de semaine dernière (seuil de C$ 1,5350 franchi par la paire EUR/CAD lors de la séance de mercredi et jeudi), le dollar canadien s’est fortement revalorisé vendredi face à l’euro et enregistré un gain de plus de 1,7%. Le cours EUR/CAD a ainsi clôturé la semaine sous le niveau de C$1,51, une première en 6 séances. Ce regain d’intérêt pour le dollar canadien est également alimenté par le rebond des prix du pétrole suite à la décision commune de l’OPEP et de la Russie d’étendre de 9 mois, jusqu’à fin 2018, sa politique de quota de production de pétrole.
GBP
C’est un rendez-vous crucial qui attend Theresa May ce lundi lors du déjeuner de travail, prévu de longue date, avec le président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker. En effet, à l’issue du dernier tour de table de novembre, les négociateurs européens avaient fixé un ultimatum à Londres. Sans éléments de réponses concrets du camp britannique avant le 4 décembre sur les trois prérogatives de sortie fixées par les européens – droits des citoyens européens résidant au Royaume-Uni, règlement de la facture de sortie et statut juridique de la frontière en Irlande – Bruxelles pourrait définitivement fermer la porte aux discussions d’un accord commercial entre les deux régions, et à l’adoption d’une période de transition assurant au Royaume-Uni un accès temporaire au marché commun européen après le 29 mars 2019, date officielle du Brexit. Si les marchés financiers ont repris espoir la semaine dernière d’une possible entente entre les deux partis après la révélation par les journaux britanniques d’une concession du gouvernement britannique à respecter ses engagements budgétaires vis-à-vis de l’UE et à régler une facture de sortie qui pourrait avoisiner les €50Mds, la problématique frontalière irlandaise reste néanmoins toujours irrésolue. Les marges de manœuvre pour Theresa May sur cette question sont d’autant plus limitées que cette dernière doit à la fois répondre aux attentes européennes et ne pas heurter la sensibilité de son allié au parlement, le parti unioniste démocrate irlandais (DUP), sans qui il lui serait pas possible aujourd’hui de gouverner faute de majorité absolue. Européens et britanniques semblent d’accord sur l’idée d’éviter la mise en place d’une frontière physique entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord, laquelle réveillerait très certainement les fantômes du passé, et le conflit historique entre les deux régions. Reste à se mettre d’accord sur les moyens juridiques de parvenir à ce résultat une fois le Brexit effectif. Bruxelles a évoqué la possibilité d’un statut spécial qui maintiendrait les deux pays au sein du marché commun, une alternative à laquelle le DUP n’est absolument pas favorable.
Le Royaume-Uni joue une partie de son avenir ce lundi… tout comme Theresa May qui pourrait perdre sa place en cas de perte du soutien des unionistes démocrates nord-irlandais au parlement. Après quatre séances consécutives de hausse et un gain cumulé de 1,7% face à l’euro, la livre sterling a légèrement reculé lors de la séance de vendredi (-0,3%) et semble pour l’heure se stabiliser au-dessus de £0,88 en attendant les conclusions de ce déjeuner qui pourrait marquer un réel tournant dans les négociations du Brexit. Un accord entre les deux partis ouvrirait la porte au lancement de discussions commerciales à partir de décembre et offrirait un éclaircie dans les perspectives économiques ombrageuses britanniques. À cette occasion, il ne serait pas surprenant de voir le cours EUR/GBP briser (enfin) son support de £0,8750.
AUD et CAD
Les responsables monétaires australiens et canadiens se réuniront cette semaine pour leur dernière réunion monétaire de l’année 2017. Si les deux banques centrales devraient vraisemblablement opter pour un statu quo de leur politique monétaire, le visage affiché par ces dernières pourrait cependant être relativement différent. Du côté australien, on devrait rester sur la défensive, le débat d’une hausse de taux ne demeurant toujours pas pour l’heure à l’ordre du jour. Les économistes ne voient pas de première hausse de taux en Australie avant décembre 2018. Compte tenu du peu d’attentes des marchés, le dollar australien pourrait néanmoins profiter d’éventuels ajustements, plus optimistes, du discours des responsables monétaires. La volatilité sur le dollar australien pourrait paradoxalement s’intensifier après mardi et la décision monétaire de la RBA. En effet, l’Australie publiera mercredi ses chiffres de croissance au T3, qui s’annoncent plutôt robustes (consensus : +0,7% T/T et +3,0% A/A vs +0,8% et +1,8% au T2 2017), et les dernières statistiques de sa balance commerciale ce jeudi. Jeudi sera aussi l’occasion de jeter un œil sur l’analyse détaillée des conditions économiques et financières en Australie de la part de RBA, cette dernière publiant ce jour son bulletin trimestriel. Evoluant déjà sur des niveaux de valorisation extrêmement bas face à l’euro (plus bas niveau depuis février 2016) ; l’EUR/AUD fluctuant au-dessus de A$1,56 ; toute surprise en provenance de la banque centrale australienne ou des fondamentaux pourraient donner lieu à une revalorisation importante du dollar australien.
Au Canada, les derniers bons chiffres de l’emploi publiés vendredi dernier (voir Focus #3 de vendredi/weekend) ont redonné espoir aux investisseurs d’une possible reprise du cycle de hausse de taux par la banque centrale au début d’année 2018. De nombreux observateurs ont déjà coché la date d’avril 2018 comme possible annonce, cependant pour l’heure les responsables canadiens n’ont pas envoyer le moindre signal à ce sujet. Si l’on garde toujours en tête les commentaires très prudents de la réunion d’octobre, la confirmation d’une progression continue de la croissance économique canadienne pourrait pousser les responsables monétaires à envoyer ce mercredi de premiers signaux sur son agenda monétaire 2018. À cette occasion, les investisseurs pourraient prendre de nouvelles prises de positions à l’achat en dollar canadien et le cours EUR/CAD pourrait prolonger la correction amorcée vendredi dernier. La paire de change pourrait saisir l’occasion de tester le support de C$1,50.
USD
Outre les débats entre les deux chambres parlementaires autour de la version finale de la réforme fiscale, le dollar américain devrait comme chaque mois être très sensible aux nouvelles statistiques de l’emploi publiées vendrediaprès-midi. Il fut difficile de tirer des conclusions lors des deux précédents rapports de septembre (+18k) et octobre (+261k) tant les statistiques ont été influencées par des distorsions provoquées par le passage des ouragans Harvey et Irma fin août début septembre. Ce rapport devrait donc permettre de faire un constat plus réel de la situation du marché de l’emploi américain. Les économistes tablent sur une volume de création très robuste en novembre, proche de 200k (consensus : +198k) et sur une hausse importante des salaires mensuelles (consensus : +0,3% M/M). Une accélération de la dynamique générale des salaires, qui a chuté en octobre à son plus bas niveau depuis février 2016 à 2,4% A/A, pourrait envoyer le signal d’une transmission des effets de quasi plein emploi (taux de chômage à un plus bas depuis presque 17 ans) sur les salaires, et donc potentiellement sur la dynamique d’inflation. Quand on sait que la stagnation « mystérieuse » de l’inflation ces derniers mois a été le principal sujet d’inquiétude des responsables monétaires américains, un signe d’accélération des salaires pourrait déclencher de nouvelles prises d’achat de dollar américain sur fond d’optimiste d’une potentielle politique plus agressive qu’anticipé en 2018.
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