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nov. 10, 2016 | Analyse du marché des devises

Thèmes globaux

Retour sur les élections américaines : 24h après, quelles conséquences pouvons-nous tirer ? Comment les marchés se positionnent face à cette victoire de Donald Trump ?

  • Le résultat : Les républicains au pouvoir 

Avec finalement un nombre de voix en absolu inférieur à sa rivale Hillary Clinton (47% vs 48%), Donald Trump remporte largement ces élections américaines et devient le 45ième président des Etats Unis.

Le parti républicain obtient la majorité au sein des deux chambres parlementaires, à savoir le Sénat et la Chambre des représentants. Contrairement au précédent gouvernement dirigé par Obama, cette unité au niveau du pouvoir exécutif et législatif pourrait garantir aux Etats Unis une politique coordonnée et efficace. Lors des quatre dernières années, le président Obama devait faire face à une opposition au Sénat du parti républicain qui ralentissait le rythme de réformes. Par ailleurs,  la présence des républicains Paul Ryan et Mitch McConnell, à la tête respectivement du Sénat et de la Chambre des représentants, rassurent les investisseurs sur le fait que les Etats Unis ne seront pas en gérance libre sous la main d’un nouveau président souvent qualifié d’instable. Durant la campagne électorale, Paul Ryan a clairement laissé transparaître qu’il n’était pas en ligne avec certaines idées de Trump, notamment en termes d’immigration et de relation internationale.

  • Passation  : 71 jours pour une transition en douceur

Comme il est de coutume, le nouveau président des Etats Unis ne prendra ses fonctions qu’en 2017, le 20 janvier exactement. Barack Obama a déjà annoncé qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour assurer une transition en douceur entre les deux administrations. Ila d’ailleurs rappelé que malgré le résultat de l’élection, c’est l’unité qui devait primer dans le pays, et que dans ce contexte il avait bien accueilli la tonalité du discours de victoire de Donald Trump, dans lequel il indique vouloir parler à « tous les américains » à travers sa politique.

  • Projections : Quelle politique sera menée par Trump ?:

 A son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump devrait sans aucun doute travailler rapidement sur son projet de relance fiscale incluant notamment des baisses d’impôt, une baisse des taxes concernant le rapatriement des bénéfices d’entreprises américaines localisées à l’étranger et une hausse des dépenses dans le secteur de la Défense et au niveau des infrastructures. Ce projet est celui qui rencontre le plus de soutien au sein du parti républicain, aussi ces derniers devraient pousser ces réformes au Congrès afin d’assurer un rebond rapide et fort de la croissance économique. La remise en cause de l’Obama Care est également un projet qui devrait être rapidement discuté alors qu’à l’origine le parti républicain n’a jamais été en faveur de cette réforme phare du mandat de Barack Obama.

En ce qui concerne la renégociation ou la fin des accord commerciaux bilatéraux, ou encore un durcissement de la politique d’immigration, ces réformes pourraient être dans un premier temps mises de côté voire retirées de l’agenda. Ces mesures ; telles que l’application d’un droit de douane sur les importations en provenance du Mexique et de Chine, la renégociation de la zone de libre échange ALENA ou encore la construction d’un mur entre les Etats Unis et le Mexique ; sont celles que redoutent le plus le marché d’où la crainte que suscitait la victoire de Donald Trump durant cette élection. Toutefois ces idées, au centre du projet de ‘redonner sa grandeur aux Etats Unis’ ( slogan de Trump durant la campagne ‘Make USA great again’), ne rencontrent pas un net succès dans les rangs même du parti républicain. Aussi il est peu probable que ces projets recueillent la majorité nécessaire au Congrès pour être mis en place. 

  • Sentiment de marché : Comment les investisseurs accueillent l’arrivée de Donald Trump ?

Très redouté, la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines a finalement été bien digéré par les marchés. Après un pic de volatilité observé en début de matinée au moment où la tendance indiquait que le candidat républicain était en passe de remporter l’élection, la nervosité des marchés s’est très rapidement dissipée au fil de la journée, notamment après le discours délivré par Trump une fois les résultats officiels annoncés. En délivrant un discours rassembleur, dans lequel il a souligné vouloir mettre l’accent sur une augmentation des dépenses en infrastructure, tout en prenant garde de ne faire aucune allusion aux mesures les plus polémiques de son programme, Donald Trump a très largement rassuré les investisseurs. Plusieurs observateurs osent désormais penser qu’il pourrait être un président plus modéré que le candidat qu’il a été lors des derniers mois. Son projet de relance fiscale pourrait favoriser une reprise de la consommation des ménages et des investissements entrepreneuriales, et apparaît surtout compatible avec une remontée progressive des taux d’intérêt par la Fed.  

Si Donald Trump a vilipendé à maintes reprises Janet Yellen au cours des derniers mois, accusant cette dernière de favoriser le gouvernement Obama en maintenant les taux artificiellement bas, ce dernier apparait en ligne avec les plans de cette dernière, à savoir redémarrer une politique de normalisation des taux d’intérêt aux Etats Unis. Aujourd’hui le débat semble plutôt résider dans la dynamique de cette normalisation des taux. Trump semble être plutôt favorable à une normalisation rapide tandis que la Fed pourrait quant à elle être un peu plus prudente.

Une hausse de taux assurée en décembre ?

Si on se focalise sur la seule réunion de décembre programmée les 13 et 14 décembre prochain, la solidité actuelle de l’économie américaine couplée à une volatilité modeste, et manifestement temporaire, suite à ces élections américaines semble laisser le champ libre à la Fed pour remonter ses taux pour la première fois depuis 12 mois. Du moins c’est le positionnement actuel des investisseurs. Les marchés évaluent toujours à plus de 70% la probabilité d’une hausse de taux en décembre (voir ci-dessous le graphe établi par l’agence CME). Ce revirement d’opinion des marchés – Trump était plutôt considéré comme une menace néfaste aux perspectives économiques des Etats Unis – explique la volatilité observée hier sur le cours EUR/USD.

En effet après avoir flirté avec le niveau de $1,13 dans la matinée, le cours EUR/USD a finalement reculé de plus de 1% hier et clôturé au niveau de $1,09, soit son plus bas niveau depuis le 28 octobre dernier. Le marché semble s’être convaincu que l’arrivée de Trump ne remettait pas en cause un scénario de hausse de taux en décembre et réévalué à la baisse les incertitudes qui entouraient sa candidature.  Dans ce contexte, la tendance baissière entrevu depuis août dernier est de nouveau valable. Cependant, ce nouvel optimisme apparaît très friable et pourrait à nouveau être testé dans les prochaines semaines en cas de sorties médiatiques fracassantes de Donald Trump, comme ce dernier nous y a habitué pendant la campagne. Si il est vrai que le pessimisme entourant la candidature de Donald Trump était très certainement exagéré, les risques et incertitudes entourant son mandat  n’ont cependant pas disparu en 24h.

Le cours EUR/USD pourrait s’affaiblir encore davantage dans les prochaines semaines en cas de renforcement de la désynchronisation monétaire entre la Fed et la BCE, et en cas de nouvelles instabilités politiques en Europe suite aux élections présidentielles en Autriche et le référendum constitutionnel en Italie, tous les deux programmés début décembre. Dans ce contexte un retour sur des niveaux de $1,07-$1,08 apparait concevable. Cependant en attendant l’annonce de la composition du futur gouvernement américain et de nouveaux détails sur les réformes que souhaitent mettre en place Donald Trump, de potentielles craintes ou déceptions pourraient favoriser un rebond de la parité.

EUR

Après la victoire de Trump, qui fait écho à celle du Brexit en juin dernier, la crainte de montée du populisme et du sentiment de rejet des élites politiques laissent planer la crainte de nouvelles instabilités politiques qui pourraient bouleverser l’Union Européenne. En ligne de mire, les investisseurs ont en tête le référendum italien proposant une réforme de la constitution et programmé le 04 décembre prochain. Si Matteo Renzi est revenu sur sa promesse initiale de démissionner en cas de victoire du ‘non’, un tel scénario remettrait très fortement en cause sa légitimité. Les sondages indiquent que le camp du ‘non’ est actuellement en tête. De nouvelles incertitudes politiques affaibliraient de nouveau le projet européen et pourrait être un terreau fertile aux parties populistes en marge des futures élections programmées en France et en Allemagne en 2017. Cela pourrait également compliquer la tâche de la BCE qui réfléchit actuellement sur la direction future à donner à sa politique monétaire.

GBP

La faiblesse de l’euro a très largement profité à la livre sterling qui a atteint hier son plus haut niveau face à la devise européenne depuis le 06 octobre dernier. On peut voir un parallèle entre la victoire de Donald Trump et celle du ‘Brexit’. En effet le cours de change EUR/GBP est repassé hier sous le niveau de £0,88. Ce résultat semble confirmer que le Royaume-Uni a peut-être opter pour la meilleure option pour son avenir, même si cela pourrait impliquer quelques turbulences à court terme. Cette embellie pourrait cependant être de courte durée alors que la devise britannique reste toujours très sensible aux spéculations en marge des futures négociations de sortie.

CHF

Malgré l’intervention non confirmée mais très certaine de la BNS hier pour défendre le franc suisse, les pressions restent malgré tout haussières.  La victoire de Trump fait craindre une montée du populisme en Europe qui pourrait déstabiliser un projet européen qui est de plus en plus remis en question. S’il y a un effet d’incertitude à l’échelle mondiale qui persiste après la victoire de Trump – incertitude malgré tout plutôt modeste – le franc suisse semble bénéficier principalement de nouvelles craintes vis-à-vis de l’Europe et de sa devise. Pour le moment, la banque suisse apparaît encore confortable à laisser fluctuer le cours au sein d’une bande de fluctuation de ₣1,0750-₣1,0800. Cependant, un renforcement durable et plus important du franc suisse pourrait pousser les banquiers centraux à réfléchir à une nouvelle intervention monétaire (baisse de taux ?) lors sa réunion trimestrielle programmée le 15 décembre prochain.

CAD

Après avoir atteint un plus bas depuis plus de 8 mois face à l’euro - niveau de C$1,52 touché hier par le cours EUR/CAD au plus fort de la volatilité sur les marchés – le dollar canadien s’est bien repris et la parité EUR/CAD a cloturé sous le niveau de C$1,47. Le dollar canadien bénéficie simultanément d’une réévaluation à la baisse des risques liés à la victoire de Trump et d’une faiblesse actuelle de l’euro. Cependant, il apparaît peu probable que le CAD se renforce de manière significative à court terme alors que les incertitudes économiques liées à Trump n’ont pas disparu (projet de fin de l’ALENA pourrait faire son retour) et que l’on attend les conclusions en fin de mois (30 novembre) des négociations actuellement menées par l’OPEC.

MXN

Si l’essoufflement de la nervosité des marchés suite à l’élection de Trump a favorisé une consolidation du peso mexicain sous le niveau de MXN22,0 face à l’euro, les investisseurs restent toutefois très prudents et ne semblent pas vouloir céder à l’optimisme général.


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