Actualités du marché des devises
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janv. 10, 2022 | Analyse du marché des devises
Thèmes globaux
L'euro ne valide pas sa bonne fin de semaine, le rouble russe décompresse en amont de pourparlers décisifs
Tendance du jour : après une semaine marquée par une forte remontée des taux obligataires et une correction significative des valeurs technologiques (-5% pour l'indice américain Nasdaq la semaine dernière), un retour au calme semble s'observer ce matin. Après un net rebond vendredi dernier sous l'impulsion d'une remontée des rendements obligataires après la publication de chiffres d'inflation en Zone Euro à un niveau record de 5% en décembre, l'euro corrige ce matin modérément. La livre sterling reprend sa marche en avant (0,83 £), le dollar canadien (1,43 C$) poursuit sa remontée après de bons chiffres de l'emploi vendredi dernier, et le dollar australien (1,5750 A$) retrouve le sourire sous l'impulsion d'une baisse de la nervosité sur les marchés actions. Le rouble russe décompresse (+1%) après avoir subi d'importantes secousses la semaine dernière alors que se profile d'importants pourparlers programmés ce lundi à Genève entre américains et russes sur le dossier Russie/Ukraine. La livre turque se reprend également après une première semaine compliquée (-3%).
EUR/USD - Un nouveau rapport sur l'emploi décevant aux Etats-Unis, une hausse de l'inflation en Zone Euro qui génère des spéculations (+0,6% vendredi) : comme en novembre, le nouveau rapport sur l'emploi au mois de décembre publié vendredi dernier laisse une impression très partagée. Les créations d'emploi se sont révélées bien moins importantes que prévu (+199k vs. consensus +400k) et se révèlent même être le plus faible volume observé depuis 1 an, néanmoins le taux de chômage continue de reculer significativement et retombe sous les 4% (3,9% en décembre). On n'est plus très loin du seuil de 3,5% observé juste avant la pandémie, lequel s'avérait être le plus bas niveau observé en 50 ans. Des difficultés à recruter et un chômage très bas sont généralement symptomatiques d'une situation de plein emploi dans lequel le manque de main d'œuvre tire les salaires vers le haut. Et c'est justement ce qui s'observe puisqu'en décembre, la croissance des salaires s'est révélée supérieure aux attentes (+0,6% M/M vs. consensus +0,4%) et que l'estimation de novembre a été réhaussée de 0,3% à 0,4%. Le seul hic à cela qui questionne cette hypothèse c'est le taux de participation qui reste toujours très bas par rapport au standard d'avant crise (63-64%), quand bien même si celui-ci progresse depuis quelques mois et est ressorti en décembre à son plus haut niveau depuis le début de la pandémie (61,9%). Le phénomène de démission aux Etats-Unis, communément appelé dans les médias "Big quit", est toujours une réalité qui s'observe et qui peut expliquer ce décalage. Un rapport publié la semaine dernière faisait état de 4,5 Mln de démissions au mois de novembre - un record - notamment dans le secteur des soins à la personne et dans l'éducation. La pénurie de main d'œuvre couplé aux effets de la vague Omicron, qui est à l'origine d'une flambée des arrêts maladie aux Etats-Unis, alimentent l'inflation contre laquelle la banque centrale américaine (Fed) a décidé de lutter. Or si la banque peut contenir la hausse des prix via ses outils monétaires et notamment en remontant ses taux d'intérêt, elle n'a aucun pouvoir pour réguler le manque de main d'œuvre qui risque de pénaliser l'économie. Alors que les marchés monétaires spéculent de plus en plus sur une première hausse de taux au mois de mars et une seconde en juin, le dollar ne paraît pas plus emballé que cela par cette perspective. Le risque d'erreur monétaire n'est pas à exclure sachant que le périmètre d'action des banques centrales sur l'économie est bien trop souvent surestimé. Si le dollar est peu réactif aux spéculations monétaires - dont une grande partie sont déjà entièrement intégrées - l'euro voit à l'inverse d'un bon œil l'attention nouvelle que lui porte les investisseurs sur ce début d'année. La nouvelle accélération de l'inflation en Zone Euro à 5% en décembre, ou tout simplement son plus haut niveau depuis l'introduction de l'euro, renforce la conviction que la Banque centrale européenne n'aura pas d'autres choix que de sortir de sa réserve et intervenir pour calmer les pressions haussières persistantes sur les prix. La forte remontée des rendements obligataires européens la semaine dernière, et notamment du taux 10 ans allemand qui est en passe de revenir en territoire positif pour la 1ière fois depuis mai 2019, a stimulé l'euro. Le taux EUR/USD est remonté vendredi au-dessus de 1,1350 $ mais a vu son ascension stoppée face à la proximité du seuil de 1,14 $. La paire de change recule ce lundi alors que l'actualité est dominée ce matin par la nouvelle projection de la banque américaine Goldman Sachs qui table désormais sur 4 hausses de taux en 2022 aux Etats-Unis. Le calendrier économique de ce lundi est principalement européen et l'on suivra attentivement les nouvelles données de l'indice de sentiment des investisseurs Sentix ainsi que les données du chômage en Zone Euro. Aux Etats-Unis, l'évènement majeur de la semaine sera la publication mercredi des nouveaux chiffres d'inflation et vendredi des estimations de ventes au détail et de production industrielle.
EUR/GBP - La livre sterling repart de l'avant après une pause (+0,1% vendredi) : relativement stable depuis plusieurs séances, et notamment vendredi dernier où la poussée des rendements obligataires européens et la nouvelle correction des valeurs technologiques américaines ont davantage soutenu la demande d'euro par rapport à la livre, la devise britannique réenclenche la marche en avant ce lundi. Le semblant de retour au calme observé ce matin sur les marchés asiatiques semble stimuler la livre. À moins que ce soit la réduction pour la seconde semaine consécutive des positions vendeuses sur la livre sterling sur les marchés à terme américains, d'après les dernières statistiques hebdomadaires publiées vendredi par l'agence américaine CFTC. Après avoir touché fin décembre un creux de 2 ans (-57,7k contrats), les positions spéculatives nettes sur la livre sterling sont désormais à un pic d'un mois (-39,2 k), bien que toujours très largement négatives. Le spread de taux 2 ans entre le Royaume-Uni et l'Allemagne continue de s'agrandir et est ce matin à un pic de plus de 3 ans à 1,43%, ce qui justifie l'avantage dont jouit la livre sterling face à l'euro. La devise britannique ne paraît pas du tout sensible aux remarques faites ce weekend par la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss, nommée nouvelle négociatrice en chef pour gérer le dossier du Brexit depuis le départ du gouvernement en fin d'année dernière de David Frost. Marchant dans les pas de son prédécesseur, cette dernière a réaffirmé qu'elle envisageait de recourir à l'article 16 de l'accord sur le Brexit en cas d'absence d'accord avec les européens concernant le protocole nord-irlandais. S'il s'agit ici d'une probable stratégie visant à renforcer le pouvoir de négociation en amont de la reprise des discussions sur le sujet cette semaine, il n'est pas certain que le camp européen voit d'un bon œil cette prise de position qui ne fait pas figure de branche d'olivier. Le déclenchement de l'article 16, qui autoriserait les britanniques à prendre des mesures unilatérales de "sauvegarde" sous prétexte de risque de problèmes pratiques handicapant les échanges commerciaux, est vu par Bruxelles comme une option impensable qui pourrait remettre en question la totalité de l'accord signé en octobre 2019. En attendant, le taux EUR/GBP retombe ce matin sous le seuil de 0,8350 £ et garde le seuil de 0,83 £ en ligne de mire.
EUR/JPY - Une ascension saccadée à cause de l'incertitude sur les marchés actions (+0,3% vendredi) : tiré par le haut vendredi par la remontée des rendements obligataires européens après la publication de chiffres d'inflation en Zone Euro à un niveau record, le taux EUR/JPY corrige ce matin et retombe au niveau de 131 ¥. Malgré le semblant de retour au calme visible ce matin sur les bourses asiatiques (rebond en Chine et à Hong Kong, stable en Australie, contraction en Corée du Sud), le yen reste vigilant face à un possible prolongement des secousses sur les marchés actions en écho à la forte remontée sur ce début 2022 des taux obligataires, et notamment des taux réels. La perspective d'une augmentation du coût de financement suscite des inquiétudes parmi les secteurs à fort besoin capitalistique comme la Tech ou la Santé. Remonté la semaine dernière à un pic de 2 mois, le taux EUR/JPY apparaît en position observatrice alors que de possibles turbulences pourraient survenir cette semaine en marge de la publication des nouveaux chiffres d'inflation aux Etats-Unis ou des discussions internationales à venir sur le conflit Russie/Ukraine.
EUR/CHF - L'euro se reprend face au franc (+0,3% vendredi) : on avait quitté le taux EUR/CHF en fin d'année dernière à un creux de 6 ans menaçant de plonger sous le seuil de 1,03 ₣. Celui-ci s'est bien refait la cerise sur ce début d'année 2022 et le taux EUR/CHF reste sur 3 séances consécutives de hausse (gain cumulé de +0,9%) qui lui a permis de clôturer la première semaine de l'année à un pic de plus de 3 semaines à plus de 1,04 ₣. La forte poussée des rendements obligataires européennes sous l'effet d'anticipation d'une inflation persistante en Zone Euro qui pourrait obliger la Banque centrale européenne (BCE) à intervenir contre son gré a renforcé l'attractivité de l'euro face au franc. On est là en présence d'un mouvement correctif mais pour le moment la tendance baissière sur l'EUR/CHF n'est pas remis en cause compte tenu des risques qui planent sur l'Europe avec Omicron, le manque de capacité électrique en amont de l'hiver ou encore l'incertitude politique en marge des élections présidentielles italiennes et générales en France. Le taux EUR/CHF est très stable ce matin et reste pour l'heure sous le seuil de 1,0450 ₣.
EUR/CAD - De bons chiffres de l'emploi au Canada donne l'occasion au loonie de tenir tête à l'euro (-0,1% vendredi) : la création au Canada en décembre de deux fois plus d'emploi que ne l'anticipait le consensus (+55k vs. consensus 27,5k) dont une forte propension d'emploi à temps plein (+122k / contraction des emplois à temps partiel), et la baisse surprise du chômage à un nouveau creux depuis le début de la pandémie de 5,9% (contre 6,0% en novembre) renforcent la conviction d'une normalisation monétaire à venir au Canada. Le taux de chômage est désormais très proche de son niveau d'avant crise observé à 5,7%, ce qui dans un contexte de fortes pressions inflationnistes pourrait pousser la banque centrale à intervenir plus tôt que prévu. Les marchés monétaires évaluent ce matin à plus de 65% la probabilité d'un premier resserrement monétaire de 25 pbs dès le mois de janvier, et table actuellement sur 5 hausses de taux cette année. Le dollar canadien fut l'une des rares devises du G10, avec les devises nordiques, à avoir tenu tête à l'euro vendredi dernier. Si les pertes sont restées modestes vendredi en raison d'une demande soutenue pour l'euro après la publication des chiffres d'inflation en Zone Euro, le taux EUR/CAD accentue sa chute ce matin et retombe à un creux d'un mois à presque 1,43 C$. En fin d'année dernière, le taux avait touché un creux de 4 ans à moins de 1,42 C$, ce qui suggère un possible retracement possible. Cela dépendra néanmoins de la dynamique des marchés actions et du pétrole dans les prochaines semaines, lesquels apparaissent nerveux face à la forte remontée des rendements obligataires dans l'ensemble des économies développées (et notamment aux Etats-Unis).
EUR/RUB - Le rouble russe décompresse avant d'importantes rencontres sur le dossier Russie/Ukraine (-0,2% vendredi) : après avoir chuté à un creux de 4 mois face à l'euro, le rouble russe décompresse depuis la fin de semaine dernière et poursuivait ce matin son rebond correctif. Les crispations autour du potentiel conflit Russie/Ukraine ont légèrement dégonflé et les marchés ont bon espoir que les multiples rencontres programmées cette semaine entre la Russie, les Etats-Unis et l'OTAN aboutissent à un début de résolution, et la dissipation d'un scenario à risque d'envahissement de l'Ukraine par la Russie. Américains et russes se rencontreront ce lundi à Genève en Suisse pour engager des pourparlers et trouver un point d'entente. Moscou désire que l'Ukraine ne soit pas intégrée à l'OTAN et que les Etats-Unis retirent leurs troupes présentes sous le drapeau de l'OTAN dans plusieurs anciens pays de l'URSS comme la Pologne. De son côté, Washington veut éviter à tout prix de revoir l'épisode de 2014 en Crimée se reproduire et a déjà prévu un panel de sanctions en cas d'invasion militaire russe. Dans l'attente des premiers échos des discussions, le taux EUR/RUB accentue son retracement baissier et retombe ce matin au niveau de 85,0 RUB.
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